vendredi 10 décembre 2010

Le mal Saint Martin - Awans et des Waroux

En 1297 le prince évêque Hugues de Châlons autorise le regroupement des travailleurs en corps de métier. Partout en Europe, les travailleurs regroupés en métiers s’affirment face aux nobles et au clergé. En Sicile, le 31 mars 1282, les cloches de Palerme sonnent les Vêpres Siciliennes. A Bruges en 1302 c’est les Matines. A Liège ce sera le Mal Saint Martin. Cette montée en puissance est facilitée par les disputes entre les familles nobles ; disputes qui n’ont rien à envier à la vendetta sicilienne. Dans la principauté les Awans et Waroux s’entretuent pendant trente-huit ans. Au moment où une paix est signée, en 1335, dans l'abbaye de Saint-Laurent, trente mille hommes ont perdu la vie, et la noblesse a perdu une bonne partie de son pouvoir.
Le clergé aussi est déstabilisé par les schismes. Papes et antipapes se contestent le pouvoir ; et ils contestent le pouvoir des rois et Empereurs. Les rois français profitent de cette situation pour construire leur monarchie absolue ; mais dans le Saint Empire Romain Germanique les empereurs n’arrivent pas à casser le pouvoir des ducs et autres potentats féodaux. Ce qui explique que le pouvoir centralisé est faible. Le prince évêque de Liège ne peut donc pas attendre beaucoup de soutien de l’Empire dans ses conflits avec son peuple. Lors du conflit qui mènera au Mal Saint Martin il est obligé de louvoyer entre métiers et nobles. Et le 3 août 1312 ses chanoines, armés de pied en cap, aident le peuple à empiler monceaux de paille et de bois sec pour incendier l'église de Saint-Martin où les nobles s’étaient barricadés. Le prince évêque Adolphe de la Marck se limite à faire payer la reconstruction de l’église et termine l’affaire par la paix de Fexhe en 1316. La Paix de Fexhe est le document le plus célèbre de l’histoire du Pays de Liège où elle prend la même place que la Magna Carta dans l’histoire d'Angleterre.

La taxe de la "fermeté"

Bulle clericis laicos
Le conflit éclate à Liège en 1285 à propos d’un sujet ‘bassement’ matériel : la taxe de la "fermeté", un impôt sur la consommation. Cette taxe qui servait à l’entretien des remparts, était collecté par l'échevinage contrôlé par la noblesse. Les échevins se remplissaient les poches, tandis que les murs de la ville se trouvaient dans le plus grand délabrement. Les métiers contestent cette taxe. La Paix des clercs du 7 août 1287 abolit les impôts dans la cité; toutefois l'impôt sur la bière continuera à être perçu pendant dix-huit ans et le produit en sera destiné uniquement aux fossés, aux portes, aux remparts, au pavage des rues de la cité; un corps de douze hommes appelés fermeteurs, élus pour une année, appliquera ce produit à sa destination ; six seront élus par le chapitre et six par la cité ; le clergé payera aussi l'impôt sur la bière, mais il recevra, chaque année, de la cité, à titre de compensation, 50 marcs liégeois.
Apparemment ces 50 marcs liégeois ne suffisent pas : le chapitre de la Cathédrale se plaint auprès de l'empereur Rodolphe qui, le 20 janvier 1290, déclara le nouvel impôt illégal. Une bulle papale « Clericis laïcos» de 1296 ajoute de l’huile sur ce feu : elle stipule que « les ecclésiastiques ne versent plus d’impôts aux autorités temporelles ».
Pourtant, politiquement, leur situation se dégrade. En 1288 le prince évêque Jean de Flandre est enlevé pendant une partie de chasse et emprisonné pendant cinq mois. Il est libéré après paiement d'une rançon. Incapable d'assurer la gestion de la principauté, il en confie la charge à son père Guy. Déstabilisé, Jean de Flandre meurt en 1291. L’interrègne dure quatre ans, suite à la mésentente au sein du Chapitre qui reflète une mésentente entre la maison d'Avesnes et la maison de Dampierre, qui ne réussissent pas à faire admettre leur candidat par le pape (nous retrouvons les protagonistes de cette mésentente lors de la bataille des éperons d’or). Finalement c’est le pape Boniface VIII qui tranche et qui nomme en 1296 Hugues de Chalons comme prince évêque.
Tous ces périples ne sont pas de nature à consolider le pouvoir du prince qui doit 1297 autoriser les travailleurs à se grouper en corps de métiers. Mais les nobles aussi lèvent la tête et vers
En 1301 ils adressent un appel au pape qui appelle Hugues de Chalons à Rome, pour se justifier se l’altération des monnaies et de meurtres de gens d'église pendant la guerre. Le pape lui enlèvera l'évêché de Enfants de France" : une allusion aux Leliaerts de Flandre. Le peuple, qui entre-temps avait réussi à faire triompher l'un des siens à l'élection communale, impose alors non seulement la promesse formelle de ne plus renouveler la Fermeté; mais aussi une renonciation au droit de proclamer l'ost (le terme 'ost' désignait l'armée en campagne à l'époque féodale et le service militaire que les vassaux devaient à leur suzerain). Cela était un coup direct aux forces armées de la noblesse. Cet épisode se passa en 1303, avant l'arrivée de l'évêque Thibaut de Bar, qui fut intronisé le 6 novembre.
Thibaud II de Bar chevauchant
Liège. Il sera remplacé par Thibaut de Bar. Vers la même époque la ligue des Chaperons blancs, une troupe d'adolescents, pris dans les familles nobles de la Cité, commence une campagne pour la restauration de la fermeté. Les 18 ans de la taxe sur la cervoise sont presqu’écoulés. Ils se faisaient appeler "
Le nouvel évêque change d’alliance et soutient les Grands. En 1307 il fuit à Maastricht et s’assure du soutien du duc de Brabant et du comte de Looz. Confiant dans l'armée qu'il s'était ainsi procurée, l'évêque cite les chefs des révoltés à Vottem, le 17 août 1307, ne pouvant siéger à Liège. Mais le peuple en armes occupe Vottem avant l'arrivée du prince et de sa cour de justice. Le prince renonça à tout combat et confirma le 19 août 1307 dans la paix à Seraing les privilèges qui leur avaient été accordés.

Le Mal de Saint Martin et la paix de Fexhe

En 1312 l’évêque de Liège Thibaut de Bar accompagne son empereur à la poursuite de la couronne impériale. Henri VII du Saint-Empire Germanique entra de force dans Rome, et se fait couronner empereur en usant de violence. Florence et le parti guelfe soutenu par le Pape Clément V résistent. Thibaut succombe dans un combat de rue à Rome.
Devant ce vide de pouvoir, le chapitre de Saint-Lambert n’a pas d’autre choix que de s’appuyer sur les Petits des métiers. Il nomme Arnold de Blankenheim, son prévôt, comme mambour. Les Waroux ne reconnaissent pas son autorité, à cause de ses sympathies pour le parti populaire. Blankenheim fait exécuter trois des plus vaillants hommes d'armes de ce lignage. Les Grands et les nobles vont trouver le comte de Looz, qui recourt à un stratagème. Le comte se rendrait au Chapitre et le prierait de convoquer le pays, sous prétexte d'éviter une guerre civile. Tandis que les Etats délibéreraient, les alliés se rendraient maîtres des Petits.
Le Chapitre soupçonnant quelque piège, ordonnèrent que le jeudi soir toute la population fût armée. Ce sera la cloche des drapiers qui sonnera l'alarme: aussitôt tanneurs, vignerons et houilleurs viendront à l'appel. Quant aux mangons, ils garderont leur halle, de crainte qu'on y mette le feu.
Au jour convenu, le comte de Looz déclare : « Mes seigneurs et mes amis, je vais prendre conseil, et si mes droits ne sont pas fondés, je suis prêt à y renoncer. » Il partit pour Looz, décidé de revenir le lendemain, à la tête de ses vassaux. Dans la ville les nobles projettent d’aller brûler la halle des mangons. Arrivés à la «manghenie» ils la trouvent gardée de toutes parts. Les Grands se replient sur le Marché, lorsqu’à la pointe du jour Blankenheim sort de la Cathédrale à la tête de ses chanoines, armés de pied en cap pour fondre sur les nobles. Les Grands, jugeant la position intenable, se décident à gagner les hauteurs de Publémont, où ils espèrent rencontrer bientôt les troupes du comte de Looz. Ils se jettent dans l'église de Saint-Martin et s'y barricadent de leur mieux. Mais rien ne peut arrêter le peuple en délire: l'église est entourée de monceaux de paille et de bois sec: bientôt un vaste brasier consume le temple et tous ceux qu'il renferme. Quand le comte de Looz arriva aux portes de la Cité, le 4 août au matin, l'aristocratie liégeoise était détruite.
Adolphe de la Marck, qui succéda à Thibaut, se limite à faire payer la reconstruction de l’église et termine l’affaire par la paix de Fexhe en 1316. C’est selon Wikipedia « le document le plus célèbre de l’histoire du Pays de Liège où elle prend la même place que la Magna Carta dans l’histoire d'Angleterre ».
Il est vrai qu’Adolphe de la Marck n’avait guère d’autre choix que de calmer le jeu. Ses nobles continuent de s’entretuer. Le 25 août 1325 par exemple, à Dommartin près de Huy, 350 chevaliers du côté Waroux affrontent 270 chevaliers côté Awans. On compte 65 chevaliers morts.
Le combat s'arrêta probablement faute de combattants. Un traité de paix fut signé en 1335 seulement, dans l'abbaye de Saint-Laurent. Un mariage cimenta la réconciliation : le fils de Thiry de Haneffe épousa la fille de Wathy de Warfusée, meurtrier de son père. Selon Coussement, cette guerre qui avait duré trente-huit ans avait coûté la vie à trente mille hommes.
Pendant toute cette période, le prince évêque n’a pas su compter sur une aide du côté de l’Empire, à part une intervention juridique de l'empereur Rodolphe qui, le 20 janvier 1290, déclara le nouvel impôt sur la bière illégal. De la Marck croit que le moment est venu de remettre les métiers à leur place avec l’avènement au pouvoir de Charles IV. Le 11/7/1346, avec le soutien du pape d’Avignon Clément VI, Charles IV de Luxembourg se fait élire roi des Romains à Coblence. Le prince évêque Englebert de la Marck accourt et obtient son aide de son armée royale. Mais le 19 juillet 1346, à la Bataille de Vottem, Liège et Huy mettent en fuite les cavaliers de l’Empereur. Les milices attendent leur prince et son roi à Xhovémont et Hocheporte, bien retranchés et derrière des fossés. Face à eux 4000 cavaliers, dont le roi de Bohème, le roi des Romains, le comte de Looz, le marquis de Juliers et j’en passe. Un petit détachement s’attaque aux milices. Ils arrivent à faire une brèche mais quand celle-ci se referme ils sont massacrés. La panique s’installe dans les troupes impériales. Claude Gaier compare cette victoire inattendue de la piétaille sur la chevalerie aux flamands à Courtrai en 1302 et la victoire des archers anglais à Crécy en 1346.
Un an plus tard l'évêque avait de nouveau réuni une armée formidable, dont ses anciens alliés fournissaient le principal contingent. Un de ses alliés, le seigneur d'Argenteau, ravage Hermalle, Heur-le-Romain, Aaz et Haccourt. Les milices de Liège mettent le siège devant Argenteau, firent crouler le château au moyen d'une mine et le démolirent de fond en comble. Enhardies par ce succès, elles marchèrent résolument au devant de l'évêque. La rencontre eut lieu à Tourinne; mais cette fois la fortune abandonna les armes des bonnes villes qui y subirent une grave défaite. Huit jours après, la paix de Waroux leur impose un tribut de 40,000 florins. Mais au niveau politique, les résultats ne sont pas si négatifs. La Paix de Waroux décrétait l'institution d'une Commission, à désigner par l'évêque et les trois Etats, et qui serait chargée de mettre par écrit toute l'ancienne législation coutumière, avec pouvoir de l'amender. « A une époque, dit Poullet, où dans la plupart des provinces belges, on suivait encore avec une sorte d'indifférence l'ornière traditionnelle antique, les Liégeois fixaient les points principaux de leur législation et procédaient déjà d'une main ferme à une réforme juridique et juridictionnelle. On a dit que l'évêque voulait rendre la législation uniforme pour agrandir son pouvoir en le concentrant. C'est possible. Mais les justiciables avaient au moins autant d'intérêt que l'évêque lui-même à voir écrire, fixer et corriger ce droit général du pays. »
Quelques décennies plus tard, en 1384, les "Grands" renoncent à tout pouvoir politique, laissant au peuple le droit de choisir tous les membres du conseil de la Cité. Les 32 métiers élisent les deux maîtres à temps et la totalité des jurés.

Le contexte

Le grand révolutionnaire Lénine a dit: " C'est seulement quand ‘ceux d'en bas’ ne veulent plus et que ‘ceux d'en haut’ ne peuvent plus vivre à l'ancienne manière, c'est alors seulement que la révolution peut éclater». La montée des métiers ne change pas de fond en comble les rapports de classe. Mais elle prépare les premières révolutions bourgeoises, avec Cromwell en Angleterre et la république des Pays Bas.
Décrire la situation de "ceux d'en bas " est relativement simple. Quant à "ceux d'en haut ", c’est un peu plus complexe. Ils n’en peuvent plus parce qu’ils se disputent et une dispute n’est jamais simple à expliquer.
Comme Liège fait partie de l’Empire Germanique, commençons par là. La mort de Frédéric II – surnommé l’Antéchrist par l’Eglise – en 1250 et la fin de la dynastie des Hohenstaufen fut suivie d'une grande période d'anarchie. Ces disputes vont vers un paroxysme dans le GRAND INTERREGNE entre 1250 et 1273 durant laquelle le trône impérial du Saint-Empire romain germanique fut vacant. En 1254 déjà Henri de Dinant a su profiter des disputes de succession dans l’Empire.

Albert d’Autriche met fin au GRAND INTERREGNE

Avec Rodolphe de Habsbourg commence la restauration de l'Empire germanique. Mais les autres grands de l’Empire préfèrent un Empire faible et, à sa mort en 1292, refusent d’élire son fils Albert d’Autriche. Cela coûtera six ans à Albert avant de triompher sur son concurrent au trône impérial Adolphe de Nassau, le 2 juillet 1298, à la bataille de Göllheim.
Le pape jouera une autre carte : il pousse la candidature de Charles de Valois contre Albert, qui n’oubliera pas.
Ces contradictions font des vagues jusqu’à Liège. Dans son conflit avec le roi de France Guy de Dampierre jouait sur le fait qu’une partie de son comté se trouvait dans l’Empire germanique, et les deux Flandres dans le giron français. Il fut aussi comte de Namur de 1264 à 1305. Autre indication de son implication dans l’Empire germanique : il arrive à mettre son fils -Jean de Flandre ou Jean de Dampierre- prince évêque de Liège en 1282. Jean entre en conflit avec le Conseil de la Cité sur un impôt. Il perd le conflit et est tellement déstabilisé qu’il confie la charge de la principauté à son père Guy de Dampierre. Après sa mort le 14 octobre 1291 le siège épiscopal resta vacant pendant quatre ans.
Guy de Dampierre ne jouait pas seulement sur l’Empire germanique. Il jouait aussi une mauvaise carte, celle d’Adolphe de Nassau, un obscur seigneur de la basse vallée du Rhin. Les supporters de Nassau font les frais de la défaite de Göllheim. Albert sollicite le soutien du roi de France Philippe le Bel, à qui il aurait cédé la rive gauche de la Meuse, en 1299, à Vaucouleurs. En Philippe le Bel donne sa sœur Blanche en mariage au fils d’Albert. Les princes rhénans et le comte de Flandres qui ont soutenu son rival font les frais de ce renversement des alliances.
Guy de Dampierre - wiki
Guy de Dampierre a tout misé sur une alliance avec l’Empire et l’Angleterre. Albert de Habsbourg et le roi anglais arrêtent d’attiser les conflits en France. Le roi de France fait la même chose avec les opposants allemands et écossais. Guy de Dampierre gagnera la bataille des éperons d’or en 1302, une victoire tactique. Il perdra la guerre et mourra en captivité à Compiègne en 1305.
Pendant cette décennie de règne de Jean de Flandre, et ces quatre ans de vacance, les métiers liégeois arrivent à élargir leur pouvoir. Et le rapport de forces continue à basculer en leur faveur. Le pape Boniface VIII enlève en 1301 la principauté de Liège à Hugues de Chalon qui s’y était installé en 1296. Le règne Adolphe de Waldeck, qui lui succéda, fut de très courte durée aussi; il mourut le 12 décembre 1302. Thibaut de Bar, qui le succède en 1302, a la tête ailleurs. L’Empire l’avait installé à Liège comme un genre de super ambassadeur avec la France et l’Angleterre. Il signa par exemple un traité d'alliance avec Philippe le Bel en 1304.
Albert mourut en 1308 assassiné par son cousin. En 1312, Thibaut accompagna son neveu Henri VII de Luxembourg, fraîchement élu roi des romains, à Rome pour se faire sacrer empereur. Il meurt dans un faubourg de Rome le 25 mai 1312 lors d’une attaque du roi de Naples, qui voulait déstabiliser l'autorité du nouvel empereur.
De 1282 à 1312 : cela fait trente ans où le pouvoir est déstabilisé à Liège. Le peuple en profite, mais il n’est pas seul. La noblesse profite de cette vacance du pouvoir pour se lancer dans des conflits stériles et meurtriers. C’est la guerre des Awans et des Waroux.

Du côté français un renversement des alliances

Avec le renversement des alliances, Philippe le Bel veut absolument avoir les mains libres à l’extérieur pour mater ses grands comtes. Philippe veut aussi le nerf de la guerre : l’argent. C’est la condition sine qua non pour lever des troupes qui ne dépendent pas des grands féodaux. Il se tourne d’abord contre les juifs, et ensuite contre les Templiers. Mais cela le mettra en bout de compte en conflit avec la papauté. Le 25 février1296 le pape sort la bulle « Clericis laïcos » qui stipule que « les ecclésiastiques ne versent plus d’impôts aux autorités temporelles ». Les clercs liégeois invoqueront cette bulle pour refuser les taxes décidées par le prince. Avec l’autorité du pape, c’est aussi l’autorité du prince évêque qui est ébranlé. Philippe décide de lever une dîme exceptionnelle sans en référer au pape pour soutenir son effort de guerre contre les Anglais. La dîme exceptionnelle est levée, mais elle ne servira pas à la guerre contre les anglais, avec qui Philippe signe la paix. C’est la confrontation avec le pape Boniface VIII.
Les prédécesseurs de Boniface étaient pourtant pro français. Martin IV (1281-1285), d’origine française, est entièrement inféodé aux ambitions françaises. Son successeur Célestin V, un vieil ermite Pierre, retiré au flanc du mont Murrhone, créa sept cardinaux français. Mais il abdiqua et est remplacé par Boniface VIII. C’est contre lui que Dante écrit en 1301 la violente critique de la papauté De Monarchia.
Conséquence de la confrontation avec Boniface VIII: renversement des alliances aussi du côté des papes. usurpateur, hérétique et simoniaque ». Le 13 juin, devant 40 prélats, il rajoute une couche et accuse le pape de « sodomie, hérésie, idolâtrie, népotisme »; le roi demande la réunion d’un concile pour juger le pape. Le pape prépare une bulle d’excommunication du roi pour hérésie datée du 8 septembre. Guillaume de Nogaret prend les devants ; il s'empare sans trop de mal du palais pontifical dans la petite ville d'Anagni où réside le pape pendant l'été et remet à celui-ci un acte de citation à comparaître ; il est aidé par les partisans du parti impérial. Le condottiere Sciarra Colonna gifle Boniface VIII; le pape sera libéré par les guelfes et la population, mais meurt quelques jours plus tard de rage, allant jusqu’à refuser le saint viatique.
Le pape essaye de se couvrir du côté de l’empereur germanique. En 1303 il promet la couronne impériale à Albert Ier de Habsbourg (= Albert d’Autriche), qui prête serment de vassalité au pape. Mais cette promesse ne suffit pas pour briser l’alliance entre les Habsbourg et les Capets. Philippe le Bel persiste et signe. Guillaume de Nogaret présente une requête au roi contre le pape «
Quand en mai 1308 Albert est assassiné par son neveu lors d'une dispute familiale, les papes espèrent avoir plus de soutien de son successeur contre les rois de France. Ils croient leur moment venu lorsqu’en 1313 les princes allemands se divisent entre Louis IV de Bavière et Frédéric le Beau de Habsbourg. En 1322 Louis IV de Bavière gagne la Bataille de Mühldorf contre son rival ; Jean XXII déclare le trône vacant puisque la désignation de Louis n'avait pas obtenu l'approbation pontificale, et prononce le 23 mars 1324 l'excommunication de Louis.
Celui-ci, en s’inspirant de Philippe le Bel, lance un appel au concile général pour juger le pape. Le 17 janvier 1328 c’est la nomination de l'antipape Nicolas V. Ces tensions et conflits aboutissent dans un premier temps à l'installation de la papauté à Avignon puis en 1378, au Grand Schisme. Mais contrairement à son exemple français, Louis IV de Bavière perd pas mal de plumes dans cet aventure…
En 1328 le 2° pape d'Avignon JEAN XXII prononça l'excommunication de LOUIS de Bavière qui descendit en Italie et fit élire à Rome par le peuple un antipape : Nicolas V qui resta jusqu'en 1330. Quant à Louis IV il se fit couronner empereur par ...le préfet de Rome ! En 1342 Jean XXII meurt à Avignon et est remplacé par le pape bénédictin français CLEMENT VI.
Louis s'était fait beaucoup d'ennemis parmi la haute noblesse allemande bien qu'il disposât de l'appui des villes franches et des ordres de chevaliers (en particulier des chevaliers teutoniques). En 1346 les princes électeurs le destituèrent avec l'accord de Clément. On couronna rapidement CHARLES IV, ce qui lui vaut le surnom de rex clericorum. Le prince évêque Englebert de la Marck accourt au couronnement et obtient son aide de son armée royale. Mais en 1346, à la Bataille de Vottem, les milices liégeoises mettent en fuite les cavaliers de l’Empereur. Une guerre civile menace l'Empire que seul un infarctus de Louis IV, en 1347, permet d'éviter.

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