jeudi 23 janvier 2014

Balade au Bernalmont sur le sentier des terrils

A partir du 9 mars Médecine pour le Peuple Herstal organise le deuxième dimanche du mois une balade. Rendez-vous à 10h à la maison médicale E-mail: herstal@mplp.be , avenue Ferrer 26 à Herstal. Un dicton dit : "Une pomme par jour éloigne le médecin pour toujours". Mais une petite balade à pied aussi est bonne pour la santé. Notre maison médicale fait aussi dans le préventif ! La balade se fait en partie sur des chemins de terre, qui pourraient être boueux par temps pluvieux. Il y a aussi un dénivellé de +- 40 mètres.
Notre première balade part de la gare de Herstal où nous découvrirons le tunnel cyclo pédestre et le Ravel Rail qui longe la voie SNCB près du terril. Nous suivrons un tronçon du Sentier des Terrils qui  suit sur 300 km le jalonnement des terrils, de Bernissart à Blegny-Mine. Sauf si c’est indiqué autrement, les infos viennent de la brochure « la voie des botis » de mon ami Walthère Fransen et de « La Libre seigneurie de Herstal », de Collart-Sacré..

Le Ravel Rail

Nous partons de la gare de Herstal où nous découvrirons le tunnel cyclo pédestre aménagé par Infrabel, face au sentier des Renards, et le Ravel Rail qui longe la voie SNCB près du double terril Bernalmont – Belle Vue. Grâce à celui-ci, nous pourrons aller tout droit à pied ou vélo de la gare de Herstal-Marexhe jusqu'à  l'Esplanade St Léonard à Liège. Les Ravels ( Réseau Autonome de Voies Lentes) sont « des voies de communication autonome réservée aux déplacements non motorisés, et réunissant des conditions suffisantes de largeur de déclivité et de revêtement pour garantir une utilisation conviviale et sécurisée à tous les usagers de toute capacité ».
Ce tunnel sous voies, que j’ai baptisé Trou du Renard, n’est pas parfait : au lieu d'avoir une rampe comme le prévoyait le permis, Infrabel nous a mis 3 escaliers de 20 marches.
Le long du sentier allant de la gare à la rue Bois l’Evêque j’ai découvert une veine de charbon apparente. En fait, c’est une veinette que même nos houilleurs du Moyen Age ont jugé non exploitable. Mais la veinette a quand même été baptisée « Beguine ». Une deuxième est cachée sous la bâche installée par Infrabel contre les éboulements. Elle s’appelle « Halballerie». Cette veine a été exploitée par la Bacnure où elle se retrouvait à -227 m. ! Pour être honnête, ce n’est pas tout à fait une découverte puisque ces veines en affleurement, donc visible en surface, ont été repérées lors de la construction de la tranchée du chemin de fer, au XIX° siècle. L’Association pour l’étude de la Paléontologie et de la Stratigraphie houillères a publié en 1958 une Echelle stratigraphique des terrains recoupés en affleurement puis dans les travaux souterrains de la Concession Belle-Vue et Bienvenue, qui se situait de l’autre côté du chemin de fer, où se situe maintenant « La Marée ». Jusqu’à la profondeur de 600 mètres, une soixantaine de veines de charbon sont nommées, dont une vingtaine sont de dimensions exploitables. 

Le Sentier des Terrils

de la Petite-Bacnure jusqu'à a Citadelle- photo lambda guy
Le sentier des Renards est un tronçon du Sentier desTerrils. Ce sentier suit sur 300 km le jalonnement des terrils, de Bernissart à Blegny-Mine.
Rassurez-vous : nous ne suivons pas ce Sentier des Terrils jusqu’aux iguanodons de Bernissart !
En montant la Ruelle des Renards, la maisonnette marquée au fronton ‘1923’ abritait le machiniste et le treuil de la mise à terril du charbonnage de Belle Vue.  La mise à terril se faisait par skips.  Un skipsest un wagonnet roulant sur la voie inclinée du terril, les roues arrière étaient doublées de façon à produire le culbutage automatique du skips lorsque celui-ci est arrivé au sommet du terril.  Voir face à la maisonnette au pied de la haie une borne minière marquée BV (Belle Vue).
terril Bacnure
En débouchant de la rue des Renards, à droite, la Rue Champs des Oiseaux était dénommée précédemment chemin des Pucelles, parce que s’y trouvait le bur ‘delle Pucelle’. La houillère "de la Vierge Marie" exploitée vers 1700 aurait ensuite été dénommée par analogie "de la Pucelle".  Le bur de la Pucelle avait une profondeur de 47 mètres et exploitait la veine de charbon dénommée "Loup". Mon ami Franco Trentin a encore joué dans les ruines des usines Pieper et y a vu un puits de mine avec des échelles en acier qui descendaient fort bas. Je lui ai appris 50 ans plus tard qu'il était devant le trou de la Pucelle....
Tous ces puits de moins de 80 mètres datent d’avant l’introduction des machines à vapeur. Dans les premiers burs à bras il était impossible d’évacuer l’eau en dessous des graviers du lit de la Meuse. Les burs à chevaux n’ont pas fondamentalement changé la donne (on a eu aussi des ânes, chiens lévriers ou des moulins à vent qui actionnaient une roue motrice). Ces petits puits ont été repris par la société de Grande et Petite Bacqueneure (une bacnure est une galerie de communication en roche, horizontale ou inclinée). 
Nous suivons la rue de la Crête dans l’axe de la rue des Vignes. Cette « rue » est bordée de cerisiers du Japon, avec de part et d'autre les ruines d'une cité de pavillons.  Cette cité fut construite par le charbonnage en 1947 pour y loger ses travailleurs étrangers.  Les 20 pavillons de la rue de la Crête étaient réservés aux familles.  Tandis que les pavillons de la rue des Petites Roches étaient aménagés en phalanstère pour les "célibataires".  En réalité, ces "célibataires" étaient pour la plupart mariés mais venus en Belgique sans leurs familles.
On peut faire le tour des 2 terrils à partir de la rue de la Crête en empruntant le passage situé à gauche ou par le passage situé face au n° 46 de la rue des Vignes. Les terrils sont composés de pierres de bacnure et de bosseyement, des pierres du lavoir, des cendres des chaudières et toutes sortes de déchets de la surface. 
La veine Béguine le long du Ravel Rail
On y trouve aussi des petits morceaux de houille, des escarbilles [houilles incomplètement brûlées], des morceaux de schiste charbonneux, des vieux bois, des morceaux de rondins et des brindilles de garnissage et parfois même des morceaux de houille. Le terril de Belle-Vue a un volume de 1.300.000 m3 et une hauteur de 80 m.  Il a été chargé jusqu'en 1968.  Il s'est couvert naturellement de bouleaux, sauf ses versants sud-est et est qui ont été plantés de robiniers.  Le terril de Bernalmont est de forme conique et digité, caractéristique des terrils chargés par l'emploi de skips, avec au sommet un culbuteur et des glissières.  Le terril de Bernalmont a un volume de 3.000.000 m3, une hauteur de 84 m, une masse de 4,9 millions de tonnes et il occupe une surface de 11,50 hectares.  Il fut chargé de 1920 à 1971. Quand on voit des photos de l’expo de 1939 on se rend compte que le gros a été chargé après la deuxième guerre, au point de se recouvrir.

2 salles de bain pour le directeur-gérant ; une salle de bain pour l’ingénieur ; une douche pour le maître ouvrier ; 1 évier pour le mineur

Les immeubles n° 104 à 124, 134 et 136 de la rue des Petites Roches, le N° 50 de la rue Bernalmont et le château dans le parc de Bernalmont ont la typologie classique de l'habitat minier.  Le château de Bernalmont, demeure seigneuriale, fut achetée en 1919 par le charbonnage de la Grande Bacnure pour y loger la famille de son directeur-gérant.  Le château est équipé de 2 salles de bain.  Au 50 rue Bernalmont, la maison d'un ingénieur, il y avait une salle de bain.  Au 134, rue des Petites Roches, la maison d'un maître ouvrier était équipée d'une douche.  Du 104 au 124 rue des Petites Roches, 3 pavillons de 4 logements construits après la guerre pour y loger les mineurs italiens, équipement : 1 évier (avec 1 robinet d'eau froide).  Jusqu'à 24 familles d'émigrés italiens logèrent dans ces 12 pavillons.  Au 136 un taudis humide dont le dernier occupant était un mineur de nationalité grecque et sa famille.
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Le château a été acheté à l'époque pour 708.500 F. Cette même année 1919 la Grande Bacnure a acheté 43 maisons ouvrières, qu'elle payait entre 5 et 6.000 Francs la maison.
Dans la rue des Petites Roches se trouvait le  bur des Innocents, déjà cité en 1748. Dans le jardin du n° 137, invisible de la rue, se trouve une pierre gravée : V B des INNOCENTS / Grande Bacnure / 60 M / Date de Remblayage 1971 . Le Vieux Bur des Innocents a une profondeur de 60 mètres.  Une carte dressée en 1773 situe 3 burs.  Un, dénommé aussi bur al Chavée, est situé à gauche en montant la rue H. Nottet.  Les deux autres sont situés de part et d’autre de la rue des Petites Roches.  Le troisième bur des Innocents est à l’intérieur de l’actuel parc du château de Bernalmont. En 1891 le charbonnage de la Grande Bacnure construisit "aux Innocents" huit maisons pour y loger son personnel.

À Bernalmont

L'usage régulier de la houille, dénommée aussi charbon de terre par opposition au charbon de bois, remonte pour Herstal à 1325, quand l'hôpital St Mathieu à la Chaîne, propriétaire de la ferme de La Préalle, donnait au chevalier Hubert de Bernalmont l'exploitation de la grande veine de Sept Pieds contre redevance d'un panier sur cinq ou d'un panier sur sept, suivant que l'exploitation du charbon était faite au-dessus ou en dessous du niveau de la nappe phréatique.
Le bur Gurgule était situé près du chemin allant de Bernalmont au Bouxhtay.  C’est dans ce bur abandonné qu’on a retrouvé en 1426, le cadavre du chanoine Lambert Dathin,fils d'un tribun populaire, assassiné par Jean de Bernalmont. Les Dathin étaient affiliés au Bon Métier des Houilleurs, qui, «quant ilh sont tous assembleis, ilh sont bien seize cens ou dois mille hommes, ayant voix et portant les armes».
Au carrefour des rues Lavaniste, du Baron et de Bernalmont le site désaffecté de la houillère de Gérard Cloes de la Grande Bacnure. Ce charbonnage doit son surnom à un des ses maîtres nommé Gérard Cloes. A 75 mètres du début de la rue du Baron, sur le côté gauche en descendant, à la jonction d'un passage venant de la rue des Petites Roches, se trouvent les vestiges d'une ancienne cheminée d'aération. La cheteute avait à sa base un emplacement pour le toke-feu (espèce de brasero destiné à activer l'aération).  L'aération au fond d'un puits de mine de quelque importance est faite par circulation d'air.  L'air
frais entrant dans la mine par le puits d'exploitation passait par les galeries pour enfin remonter à la surface par le puits de retour d'air.  Cette circulation de l'air était activée par des ventilateurs et guidée par des portes. L’ouverture de ces portes était très longtemps assuré par des gosses. Cette cheteute a été détruit en 1990 pour laisser place au golf. Seul subsiste aujourd'hui le mur de soutènement situé le long des premiers mètres de la descente de la rue du Baron.
                Sous l’Ancien Régime, la propriété du sol comportait celle du trefonds (sous-sol). Une première entorse à ce droit est l’œuvre d’Ernest de Bavière qui dans son édit de conquête donnait des droits à celui qui démergeait des mines noyées. Mais le gros coup est donné par la Révolution Française qui en 1791 nationalise les trefonds et les donne en concession. La vente des Biens nationaux par la République Française comportait aussi quantité de terrains que déhouillaient des congrégations religieuses de toutes
sortes.  Le régime des concessions, ces ventes de biens nationaux et les machines à vapeur ont été un coup de fouet pour la concentration. La société charbonnière de la Grande Bacnure fut fondée en 1824.  La Petite Bacnure s’installe en 1836 sur un terrain qui appartenait jadis au séminaire (la ferme ‘Charlemagne’ est en fait la ferme du séminaire). Cette concession comprenait les burs Crompire, Chaye Cheval, Godin, Crève Cœur, Nanoux, Perleau, Lagnot, Gaspard, Corbeaux (tous au Bois Gilles), Grise Pire, Lognon, Micha, Cérisier Rosset, Cheteure, Radoux, Moulin Radoux, Baptiste, Xhufnalle, trou Mahot et Lourtie. Le bur Cheval, le bur delle Garde de Dieu (1693), le bur Froment (1765) situés à Bernalmont furent repris dans la concession de la Grande Bacnure, avec les Pucelles et les Innocents que nous avons déjà mentionnés. 
Tombe du puits n°3 Grande Bacnure
Le 27 février 1847 un grave accident à la Bacnure y causa plusieurs morts. Servais Lovinfosse du Bouxhtay  reçut de l'Administration des Mines une somme de 75 francs pour le dévouement dont il avait fait preuve en se portant au secours des victimes.
Le jeudi 15 juin 1865, l'eau envahit les galeries inférieures du charbonnage, 29 mineurs périrent noyés.  Il y eut devant les grilles du charbonnage des scènes déchirantes et la direction du charbonnage fit appel à la gendarmerie pour contenir la foule.  Les gens attribuaient la responsabilité de la catastrophe au directeur de la houillère.  Celui-ci, pour économiser les 3 francs par jour qu'il payait à un foreur, ne faisait plus procéder aux sondages réglementaires.  Le sondeur enfonçait dans la couche de charbon un forêt de 12 à 15 mètres de long de façon à vérifier la présence d’eau. A Liège l’eau était un ennemi plus redoutable que le grisou, surtout à cause des galeries abandonnées remplies d’eau, suite à une exploitation régie par le droit du sous-sol privé.
                En 1885, la Bacnure devient Société Anonyme.  Elle avait jusqu’alors exploité successivement les veines de charbon Pestay (à 46 mètres de profondeur par rapport au niveau de la bure), Houlpay (57 m.), Grande Veine de la Xhorre (72 m.), Maret (118 m.), Raignon (127 m.), Massi Veine (150 m), Grande Veine (180 m.), Couteau (201 m.), Beguine (215 m.), Halballerie (227 m.), Blanche Veine (262 m.). Aujourd’hui ces concessions existent toujours à l’état latent. Et il y a des concessions à tiroir datant de l’ancien régime où une concession était donnée pour une veine bien précise. La Belgique de 1830 n’a pas voulu léser les propriétaires de ces concessions.
Belle-^Vue et Bernalmont dessin Zeehond
En 1920, suite à la fusion de la Petite et Grande Bacnure, on réunit les différents sièges par un tunnel qui partait d'un étage inférieur du puits de la Petite Bacnure, à - 30 mètres, pour arriver à - 47 mètres au puits de Gérard Cloes et de là aboutir à Coronmeuse dans la rue J. Truffaut entre les maisons nos 49 et 53.  A la paire inférieure rue Derrière Coronmeuse une partie de la production est lavée. Dans le tunnel le charbon était convoyé par rame de berlines tractée par un cheval et les dernières années par locomotive.  De même dans l’autre sens pour les pierres résidus du lavoir destinées à la mise à terril. 
Le siège de Gérard Cloes fut en exploitation jusqu'en avril 1960, mais subsista en tant que siège annexe jusqu'à la fermeture en 1971. Voir à une centaine de mètres du carrefour, face à l'entrée du château sur le terrain de golf , deux pierres portent la mention : BACNURE N°2 / GC. / 441 m / 1971.  L'autre mentionne: BACNURE N° 3 / GC. / 253 m /1971. 

Rue du Baron : Le retour d'air.

Au carrefour de la  rue Henri Nottet et de la Lavaniste-Voie, il y avait autrefois une prairie dénommée "la prairie des chevaux aveugles". Notre kiné Sara y a fait construire. C'est là que le charbonnage mettait au vert ses chevaux de fond. A partir du XVIe siècle, des manèges à chevaux faisaient tourner les roues d'extraction.  Ce n'est qu'entre 1815 et 1820 que la traction chevaline est utilisée dans le fond.  Au début ils restaient quasi à demeure dans le fond, puis à la faveur des congés payés instaurés en 1936, ils étaient remontés assez régulièrement. Le rapport dressé par la Ligue de défense des chevaux de mine, invitée par le charbonnage de la Petite Bacnure, précise que les chevaux en liberté étaient bien soignés, bien traités et "heureux de la récompense qui leur était accordée après une semaine de labeur". Au charbonnage de Milmort il était assez fréquent que des ouvriers soient mis à l'amende pour mauvais traitements infligés aux chevaux.  Pour le seul charbonnage de Cheratte, de 1931 à 1956, au moins 56 cadavres de chevaux furent remontés du fond de la mine (Le destin des chevaux de mine, Ed. par la Ligue pour la défense et la protection des chevaux de mine, Liège, 1938).
puits n° 2 Gde Bacnure Golf
Nous contournons et traversons le golf via un chemin vicinal (le golf a essayé en vain de le supprimer) pour rejoindre la rue des Houillères et la liaison Ravel Meuse – Ravel Liers. Le paysage autour de la chapelle de Bouxhtay date de 1250 et est pour les experts qui ont travaillé sur le Schéma de Structure Communal le plus beau paysage de Herstal.
Par la rue des petites Roches nous débouchons via un sentier dans la Rue du Lévrier. Au bur du Lévrier un chien lévrier actionnait une roue motrice d’une pompe d'exhaure. A droite dans la  Rue de Vottem nous pouvons voir dans la végétation du talus de la rue, à 1 m. des limites des jardins des immeubles 36 et 24 une pierre gravée H / P. H B V / 120 M / 1961.  Le Puits de Haute Belle Vue avait une profondeur de 120 mètres.  En 1961, il fut comblé et recouvert d'une dalle de béton surmontée d'une pierre.  Avant cette date il était simplement recouvert d'une voûte faite de pierres.  Peu de temps avant que le puits ne soit comblé, la voûte présentait des fissures et menaçait de s'écrouler. 
Dans la rue Petite Foxhalle nous passons devant un cimetière, notre Père Lachaise. Jean-Lambert Sauveur, le premier bourgmestre de Herstal, a déménagé suite à la réfection du mur. Mais le poète wallon Guillaume Delarge, et le bienfaiteur des pauvres Louis Demeuse y sont toujours. Tout comme Oscar Beck et la statue symbolisant la liberté qui trône au-dessus de sa tombe. Cet Oscar Beck était un ami intime de Célestin Demblon. En 1875 ce jeune militant de la première Internationale travaille à l’administration communale de Liège où il est suspendu avec privation de traitement suite à son activité militante. Il tombe gravement malade en 1891 et s’établit à Herstal où il meurt en 1894. « D’un désintéressement absolu, il consacra un certain nombre d’heures à gagner son pain quotidien. En dehors de ce temps, il refusait tout travail rétribué, pour consacrer son temps à la diffusion de ses idées. Il attribuait l’origine de sa pleurésie qui amena sa mort à l’âge de 44 ans au refroidissement à la sortie d’un meeting au casino Charlemagne, avec Demblon et Wagener.  La patronne du Casino qui se rend compte qu’il s’agit d’un meeting révolutionnaire fit couper les gaz en criant : ‘c’est des moudreus dai ! C’est des assasins ! ‘. Faute de lumière, la salle fut évacuée (Collart-Sacré, La Libre seigneurie de Herstal, tII). On peut se rendre compte de la sympathie qu’il avait auprès des travailleurs du fait que le  Conseil communal lui attribue une concession gratuite en avril 1896, malgré sa courte présence à Herstal, et donne son nom à la place en décembre 1913. Le monument a été payé par souscription auprès des sympathisants socialistes.
L'architecte provincial Jean-Charles Delsaux aussi est enterré au cimetière de Foxhalle. Delsaux est notre Viollet le Duc liégeois. Comme Violet le Duc il n’y va pas de main morte dans ses ‘restaurations’. Il démolit tout le flanc du Palais des Princes Eveques construit en 1526 par Arnold van Mulken, pour y pousser la palais provincial, un bâtiment néogothique. Pourtant, quelques années auparavant, un projet pour démolir cette aile orientale avait été rejeté par l’opinion publique. Le ministre de l’Intérieur Van de Weyer avait été obligé d’organiser un concours gagné par le jeune architecte provincial Jean Charles Delsaux. Delsaux prétendait que «moins la main de l’architecte sera visible, plus il y aura de mérite». Il démolit donc toute une aile du Palais. Il faut reconnaître néanmoins que cette intervention ‘lourde’ peut passer inaperçue… Viollet-le-Duc aussi partait du principe que « restaurer un édifice, c’est le rétablir dans un état qui peut ne jamais avoir existé à un moment donné ». Delsaux a habillé la cathédrale St-Paul, romane au départ, d’un décor néogothique. Un siècle et demi plus tard, on paye ses pots cassés. Saint Paul va subir de très gros travaux de rénovation : dix ans, des millions d’euros, financé à 95 % par la Région wallonne, le reste à charge de la Fabrique d’église (4 %) et de la Province (1 %) qui, on le sait peu, est propriétaire de la

cathédrale. « La dégradation des corniches et pinacles est liée à la transformation de la cathédrale par l’architecte Delsaux au 19e siècle. Nous récoltons aujourd’hui les problèmes inhérents à ces ajouts" (LLB 13/5).
Sur le site des Anciens Etablissements Pieper, installés dès 1907 rue Petite Foxhalle, la Ville aménage un parc ‘paysager’ (=bas entretien). Connu par les amateurs d’armes pour ses pistolets de poche Bayard, Pieper a aussi fabriqué dès 1934 la Mitraillette 34 pour l’armée belge. En 1940 une direction allemande supervise la production de mitrailleuses lourdes pour la Luftwaffe. Le 22 mai 1918 une escadrille de 6 avions bombardait les établissements Pïeper. Ils ratent leur cible mais tuent Cathérine Bulton dont le mari était en Angleterre. Elle fut enterrée à Foxhalle. Après l’armistice son mari apprend cette mort tragique ; il perd la raison et accuse les autorités d’avoir fait exécuter cette attaque. Il fut interné à saint Trond où il merurt en 1925. En 1929 Herstal donnait le nom de Cathérine Bulton à une nouvelle rue dans son quartier, entre la rue des Vignes et la rue de Vottem  (Collart-Sacré, La Libre seigneurie de Herstal, éd. Thone, 1927 p.100). En 1944, les AEP reprennent difficilement leurs activités. La faillite suit en 1953. Les bâtiments ont été détruits en 1957.

Sources

http://www.archive.org/stream/bulletindelasoc10ligoog/bulletindelasoc10ligoog_djvu.txt  M. le chanoine Dubois décrit la chapelle et le château du Bouxhtay .
Collart-Sacré, La Libre seigneurie de Herstal, éd. Thone, 1927 tII p.80-87

http://terrilsdeliege.11vm-serv.net/FORME2.htm Exemple d'étude géomorphologique d'un terril

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