mercredi 12 mars 2014

Le sentier vicinal N° 86 de Herstal, une succession de sentiers dans un maillage intéressant

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Lors de notre première balade santé mensuelle de Médecine Pour le Peuple Herstal, en mars 2014, je suis passé exprès sur le chemin vicinal qui traverse le golf de Bernalmont. Ce chemin va du  Tribouillet au Ravel  de Liaison Meuse- Liers. Si ce passage par le golf tomberait en désuétude, il disparaîtrait.
Le passage par le golf n’est pas le seul tronçon de chemin vicinal menacé. Un peu plus loin le Ravel de liaison croise pratiquement un autre sentier, le  N° 86, en fait une succession de sentiers qui va quasi en ligne droite des Hauts Sarts au Bouxthay. Là aussi un tronçon risque de disparaître. C’est ce sentier qui est décrit dans ce blog.

Le  sentier N° 86, une succession de sentiers dans un maillage intéressant

Le 86 s’inscrit dans un maillage intéressant : à la jonction des sentiers de Vottem et de La Préalle, le sentier croise le sentier de la rue Campagne de Rogivaux (en partie disparu). De l’autre coté on débouche dans la rue Lucien Colson. En descendant la rue Rogivaux on a sur la doite la rue de la Banse par où on peut rejoindre en bonne partie par des sentiers les quartiers de Bernalmont et de Coronmeuse.
J’ai déjà mentionné le croisement avec  le Ravel  de Liaison Meuse- Liers.
Du coté de la rue de l’Aunaye on pouvait rejoindre Vottem par les sentiers Muraille et Marnette. Le sentier Muraille est coupé, mais le sentier Marnette débouche à Vottem sur la Ravel qui suit l’assiette du vicinal.
A l’autre bout une partie du sentier a disparu lors de l’aménagement des Hauts Sarts, et démarre au Post House, aujourd’hui  Best Western Post Hôtel, Rue Hurbise 160. Là aussi débouche un ancien vicinal.
Le 86 relie la rue Hurbise avec la rue de Milmort, à côté de la salle ‘Le Métal’. Un peu plus loin, un tronçon de ce sentier risque de disparaître entre les rues de Milmort et du Paradis. On rejoint la Chapelle de la rue de l’Agriculture via la cité de Rhées. Le sentier continue jusque la rue Verte sous l’appellation de rue de la Baume, et de la rue Verte à la rue du Bouxthay sous les appellations de sentier de Vottem et de sentier de la Préalle.

Les sentiers vicinaux, c’est toute une histoire.

La Belgique ultralibérale de 1841 établit un Atlas de ces voiries modestes. Ces atlas, des beaux documents à l’aquarelle (une carte générale à l’échelle 1/10.000ème et des plans de détails au 1/2.500ème), sont consultables par tous au service d’urbanisme, et constituent les seuls documents à valeur légale en matière de sentiers et chemins vicinaux. 
Cet Atlas  n’a jamais fourni une vraie protection: ces voiries vicinales sortaient du domaine public si elles ne servaient pas à un usage public pendant trente ans. L’inscription d’un chemin à l’atlas était un acte purement administratif qui reconnaissait la vicinalité d’un chemin. Ce document ne constituait pas pour la commune un titre de propriété. Les chemins vicinaux sont reproduits par deux traits noirs et les sentiers et servitudes de passage public par des traits noirs interrompus. Lors de l’adoption de la loi du 10 avril 1841, il y a 169 ans, des gros propriétaires terriens ont ménagé la possibilité de récupérer un jour leur terrain. Il fallait que les usagers prouvaient eux-mêmes l’usage pour que le chemin restât soumis à la servitude.
En 1994, la Cour de Cassation « bétonne » la loi en renversant la charge de la preuve. Les juges décident que « des actes de passage accidentels et isolés » suffisent pour définir un passage. Et indiquent que le propriétaire qui veut faire usage de la « prescription acquisitive » doit prouver « l’absence de tout acte de passage, même occasionnel». Ce qui, commente un avocat s’avère « quasi diabolique» (ls 22/10/2010).
En 2011 la majorité PS-Ecolo-CDH du Parlement wallon a jugé ce renversement de la preuve insuffisant et ont revu ce statut : officiellement, l’imprescriptibilité de tout domaine public devenait un principe général. L’Atlas n’était évidemment plus à jour. Le gouvernement a donc proposé la mise en place de comités locaux pour actualiser ces atlas à partir d’« une reconnaissance sur le terrain » et pour préciser le rôle des provinces et les ressources mises à disposition des acteurs locaux et pour confirmer, supprimer, déplacer, voire créer des sentiers et chemins vicinaux « en fonction des situations de fait et de la nécessité de renforcer le maillage des chemins et sentiers pour rencontrer les besoins de mobilité douce actuels et futurs » ( llb 06/06/2011).
Des beaux principes, mais avec ça, dans les faits,  l’entrée en vigueur du texte est reportée. En 2011 le gouvernement wallon a chargé les ministres compétents de lui revenir avec un rapport « pour le 15 avril 2016 au plus tard ». Ce qui n’engage évidemment à rien. C’est les calendes grecques.
En tant qu’acteurs locaux nous avons donc tout intérêt à mobiliser pour sauvegarder ce maillage de sentiers. Nos balades contribuent à son maintien, tout en découvrant ce réseau.
D’ailleurs, le Schéma de Structure de Herstal propose de mettre en place des promenades renseignées sur le terrain et par des brochures et préconise de s’inscrire dans  les Plans d’Itinéraires Communaux (PICs verts).
C’est dans cette optique que avons déjà organisé des balades à l’occasion de la SEMAINE DE LA MOBILITÉ et du «Rendez- vous sur les sentiers », en 2011. Et c’est dans la même foulée que je décris ici le sentier 86. Ceux qui suivent mes blogs vont retrouver des tronçons déjà décrits dans mes blogs http://hachhachhh.blogspot.be/2014/01/les-ruines-du-bouxhtay-le-plus-beau.html          
http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/balade-sante-vottem-un-ravel-la.html

De la rue Hurbise à la rue de Milmort

La campagne des Monts est un véritable gruyère. "Sous les pavés, la plage", se traduit à Herstal "sous le gazon, un terril". Et un Jurassic Park: le toit de la veine de charbon Haute Claire était identifié par les nombreux fossiles (surtout des fossiles végétaux). A l’intérieur du champ en haut de la rue Hurbise il y a un petit terril ainsi qu’à à la jonction de notre sentier 86 avec la rue Hurbise et le vieux Chemin de la Croix. Plus loin nous distinguons deux petits terrils situés dans les champs direction rue de Milmort. Ces petits terrils d’une hauteur de un à trois mètres sont en rapport avec les moyens techniques utilisés du 16 ème siècle jusqu’à la fin du 19 ème siècle. 
En 1914 le cimetière de Rhées a été le témoin d’une bataille furieuse en 1914. Pour la campagne des Monts et le cimetière voir mon blog http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/la-bataille-de-rhees-du-5-aout-1914.html
Le 5 août 1914 des grenadiers allemands contournent le fort de Pontisse et débouchent au cimetière de Rhées au milieu d’un bataillon du 11ème de ligne belge qui bivouaquait en dehors du cimetière, en plein champ. Les soldats belges s’encourent vers le cimetière d’où ils sont chassés par les allemands. A l’aube du jour les forts de Pontisse et de Liers bombardent les troupes allemandes dans la plaine de Rhées. Les allemands se retirent à Hermée où ils massacrent des civils en pillant les maisons.

De la rue de Milmort à la rue du Paradis

Ce tronçon du n° 86 est menacé par le lotissement en cours. Notre bourgmestre affirme que ce sentier sera incorporé dans les trottoirs des lotissements en cours. On va le croire quand on va le voir : les routes sont faites, mais on ne voit pas par où un piéton pourrait passer…
Ce tronçon est en même temps un chemin très fréquenté par les gens de la cité pour aller au cimetière. Une partie traversant en diagonale les terrains de l’ex Coq Mosan avait déjà disparu de facto lors de la construction du Coq Mosan et remplacé par un contournement, aujourd’hui disparu dans le lotissement. Ce lotissement a été un véritable jeu de ping-pong entre lotisseurs. Combien de fois ces lots ont changé de mains depuis le début du lotissement ?

Rue Emile Vinck: la rue des Italiens.

Le 86 continue dans la Cité de Rhées sur les trottoirs. Un premier noyau de cette cité a été construit en 1928 sur les terrains ‘de l’évêque’ (= faisant partie de la ferme de l’évêché, aujourd’hui la ferme dite Charlemagne, et exproprié à la Révolution française).
Une autre partie de la Cité a été construite avec des fonds Ceca.
Au croisement de la rue Paradis et Muraille deux tours, une des rares réalisations du logement social depuis la régionalisation.
Ignorant Emile Vinck, (1870-1950), qui fut en son temps président de la Société Nationale des Habitations à Bon Marché, les habitants de la cité des Monts surnommèrent cette rue construite de 1949 à 1953 "la rue des Italiens". Et pour cause : les maisons sociales qui y furent construites étaient louées en priorité à des ouvriers mineurs.  Et les nouveaux mineurs en ces années d'après guerre étaient en majorité de nationalité italienne.  La guerre à peine terminée, Achille Van Acker lançait "La bataille du charbon".  Mais la désaffection des ouvriers belges pour la mine était maintenant complète.  On avait bien en 1945 fait descendre dans nos mines les prisonniers de guerre allemands, mais à partir de 1947 ils devaient être libérés.  C'est dans ce contexte que patrons charbonniers, gouvernement belge et gouvernement italien signèrent à Rome le 26 juin 1946 le protocole Italo-Belge prévoyant "le transfert par convoi de travailleurs italiens dans les mines belges, en compensation de quoi l'Italie recevra du charbon belge".  Ainsi de 1946 à 1956, 303 convois amenèrent en Belgique 140.105 travailleurs italiens.
De la Chapelle de la rue de l’Agriculture à la rue de la Baume
Arrivé dans la rue de l’Agriculture nous prenons 30 mètres à gauche pour prendre le sentier qui longe la chapelle de la Vierge des pauvres. Nous traversons la rue sur les Thiers et suivons le sentier qui mène à la rue de la Baume. A droite du sentier nous voyons une baraque Albert. Lors de la première guerre mondiale, 200.000 maisons ont été détruites. Des milliers de logements préfabriqués  sont construits par le Fonds Albert. Ces baraques sont facturées 14.000 francs alors que le prix moyen d’une habitation sociale en dur est de 20.000 FB. Le bourgmestre de Herstal à cette époque se débrouille pour en installer un peu partout où il peut dénicher des terrains. Un siècle plus tard, des dizaines de ces baraques sont toujours habitées. Et ce n’est pas parce qu’elles étaient particulièrement solides…
Terril bacnure
Rue Pied du Bois Gilles il y avait les burs Grise Pierre, le bur aux Corbeaux, Moulin Radoux, Nanoux, Nicolas Wattar, Tirleau, Lagnot et Lambert Gaspar. Tous ces puits furent repris dans la Petite Bacnure dont la paire allait de la rue Pied du Bois Gilles à la rue Verte.  Sur cette paire, le charbonnage entreposait les tas de charbons destinés à la vente et les bois destinés au boisage des galeries.  La grille d'entrée était au n° 60 de la rue Verte.  Le charbonnage de la Petite Bacnure, succédant à Bon Espoir, transféra ensuite la paire à proximité de ses bâtiments situés rue Charlemagne.
Au bout de la rue du Bois Gilles se trouvait la gare de La Préalle, aujourd’hui supprimée. Le chemin de fer Liégeois-Limbourgeois privé fut construit en 1863. Les emplacements des gares de Milmort, de la Préalle et de Herstal avaient été choisis en fonction des charbonnages des Boules, de la Petite Bacnure et de Belle Vue. Ce train amenait beaucoup de mineurs flamands. Par exemple, sur les 550 ouvriers mineurs que comptait le charbonnage de Milmort en 1940, 358, soit 65 %, étaient d'origine flamande. D’autres navetteurs flamands utilisaient aussi la ligne 76.
Le Pied du Bois Gilles est un terrain communal. On y a aménagé un terrain - 25 parcelles d’une superficie de 168 m² - pour accueillir les forains expulsés du quai de l’Abattoir en raison de la construction du nouveau hall omnisports. Dès qu’il ne subsistera plus que 12 familles sur ledit terrain, cette mise à disposition prendra fin.  Le loyer est fixé à 200 EUR par mois. Le terrain n’accueillera pas de gens du voyage.
Infrabel veut remplacer le passage à niveau rue de la Baume par un passage sous voie pour piétons.
Rue de la Baume :   Le charbon y affleurait.
Une Baume est, en vocabulaire houiller, une galerie creusée au pied d'une colline ou d'un thier afin d'exploiter une veine de charbon y affleurant.
Rue de la Buse:  l'eau de l'araine.
Cette rue doit son appellation à une fontaine munie d'une buse.  Cette eau proviendrait d'une xhorre ou d'une araine de charbonnage.  L'eau captée par les araines était souvent utilisée comme eau potable par la population.          
De la rue Verte à la rue du Bouxthay via le sentier de Vottem ou sentier de la Préalle.
A la jonction des sentiers de Vottem et de La Préalle, du coté de la rue Lucien Colson on peut rejoindre par des sentiers les quartiers de Bernalmont et de Coronmeuse. Le sentier croisait ici le sentier de la rue Campagne de Rogivaux. Un tronçon avait été interdit d’accès par le  propriétaire de l’unique maison située à mi-parcours de ce tronçon. Or depuis quelques mois, à la faveur d’un changement de propriétaire, ce tronçon a été rétabli. Il suffirait que le fermier rétablisse le passage dans la clôture à hauteur de la jonction pour que ce tronçon soit de nouveau accessible. 
Chapelle du Château de Bouxthay
Le sentier de Vottem débouche sur la rue du Bouxthay. La rue des Meuniers à notre gauche fait partie de la liaison Ravel Meuse – Ravel Liers. http://archives.lesoir.be/la-boucle-liegeoise-du-ravel_t-20080109-00EFWW.html Cet itinéraire de liaison va de Liers à Coronmeuse (pont Atlas). Dans le sens ‘Meuse’ en descendant un peu la rue des Meuniers, à notre droite un sentier vers la chapelle du Bouxthay.

Le Ravel de liaison emprunte à Vottem une ancienne ligne vicinale. Plus sur http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/balade-sante-vottem-un-ravel-la.html .

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