mardi 29 avril 2014

Julien Lahaut et le corps ACM Autos-Canons-Mitrailleuses en Russie

En 1915 la Belgique forme l'un des premiers corps de voitures blindées,  les ACM, les Autos-Canons-Mitrailleuses. Un de ses membres est Julien Lahaut.  Le roi Albert I ‘donne’ ce corps d'élite au tsar de Russie. Ils assisteront à un évènement clef du XX° siècle : la révolution russe. Ils se retrouveront en Russie avec Jules Destrée, un de leaders de la social-démocratie belge qui n’est pas là pour prêcher la révolution, mais la guerre à outrance. La conversion de Lahaut au léninisme semble dater de cette période, mais ça prendra du temps, et nous n’avons pas réussi à trouver des déclarations de sa part sur cette période. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas eu. Plusieurs de ses compagnons ont écrit des livres. Il est vrai que Julien Lahaut n’était pas un homme de plume, mais un homme de parole.
Donc, quand la guerre éclate en 1914, Lahaut s'engage. "Attitude conforme à celle du POB, son parti, en 1914. Rien n'oblige ce jeune marié à aller risquer sa vie. Le service militaire faisait l'objet d'un tirage au sort. Il avait eu de la chance" (Jules Pirlot, Julien Lahaut,vivant p.32)
Lors de sa démobilisation en 1918 il fit partie de la minorité qui souhaitait l’adhésion du POB à la IIIe internationale, mais ne rejoignit pas le Parti communiste lors  de sa fondation en 1921. Les Chevaliers du Travail, dissidence syndicale menée par Julien Lahaut,  adhéront à l’Internationale syndicale rouge. En 1923, Julien Lahaut fut arrêté dans le cadre du procès ‘du grand complot’ intenté aux dirigeants communistes qui s’étaient prononcés contre l’occupation de la Ruhr par les armées française et belge. Il fut libéré parce qu’il n’était pas  membre du PCB puis relaxé avec tous les inculpés. Il annonça, à cette occasion, son adhésion au PCB.
Julien Lahaut fut désigné comme représentant aux Congrès du Profintern à Moscou en 1924, 1927 et 1930.

Rien à voir avec les voitures Impéria produites à Nessonvaux

Henri Gervex Cinq Heures chez le Couturier Paquin
Les ACM, c’est  58 véhicules, dont 12 véhicules blindés Minerva.  Rien à voir avec les voitures Impéria produites à Nessonvaux. Si ce n’est que cette usine absorbe en la prestigieuse marque anversoise Minerva en faillite et sort encore quelques voitures produites à Nessonvaux sous le nom ‘Minerva’. En fait, il n’y a que le moteur qui est Minerva (la marque avait la même renommée que la Rolls). Le carossier parisien Mors monte sur ce châssis un bouclier à trois pans de 7 mm d’épaisseur qui s’avère vite insuffisant.
L’organisateur de ce corps de voitures blindées est le major Collon, un officier ‘belle époque qui veut constituer son unité suivant les critères d’une double élite: comtes et barons d’une part et as du volant d’autre part. Il s’adresse même au couturier Paquin pour les costumes de sa troupe. Tout compte fait, les gens de la SNCB se promènent aujourd’hui dans des costumes Strelli. Notons que le reste de l’armée belge n’adopte que le kaki de camouflage qu’en 1915 et que l’uniforme des soldats belges était aussi très bariolé.
Extrait d’un rapport fait au major Collon par un des officiers chargé d’essayer les véhicules :  «Les autres châssis seront munis d’un avertisseur.  Nous avons dû crier ou bien frapper contre le blindage avec un morceau de bois».  Et plus fort encore dans une lettre du 23 mars 1915 de Collon au Carrossier Kellner : « veuillez fixer sur chaque engin un support pour un rétroviseur».  On en rirait, si on ne savait pas qu’il fallait dégager en marche arrière, vu que le blindage ne couvrait que le front …
Ce corps combattit d'abord sur le front de l'Yser où il s’avère peu utile dans la boue des tranchées. Le roi Albert I ‘donne’ ce corps d'élite au tsar de Russie. Ce qui lui vaut un portrait par le grand peintre russe Ilya Repin.
Ce ‘don’ implique pour les volontaires la signature d’un nouvel engagement. La très grande majorité signe l’engagement pour la Russie ; mais certains choisissent l’expédition de Tabora en Afrique.
Quatre cents volontaires de guerre belges partent pour le front russe, dont Julien Lahaut, ainsi qu’Oscar et Marcel Thiry, un fameux poète wallon et son frère.
Ils commencent une épopée remarquable à tous points de vue : non seulement ils assisteront à un évènement clef du XX° siècle : la révolution russe. Ils se retrouveront en Russie avec Jules Destrée, un de leaders de la social-démocratie belge qui n’est pas là pour prêcher la révolution, mais la guerre à outrance. Et ils feront le tour du monde pour retrouver leurs Pénates. Plusieurs participants ont écrit des livres ; du côté de Lahaut je n’ai rien. La III Internationale, la Komintern, demandait à ses cadres d’écrire leur autobiographie. « Dans son autobiographie manuscrite retrouvée par José Gotovitch dans les archives du Komintern, Julien Lahaut écrit ceci : ‘j’ai fait la guerre comme volontaire, puis comme otage en août 1914 à Seraing. J’ai quitté la Belgique en septembre, passé de Hollande en Angleterre puis en France pour être ensuite envoyé sur le front belge avec le corps des autos blindées ». Julien Lahaut y est carabinier-cycliste." (Jules Pirlot, Julien Lahaut,vivant p.32). En Russie, jusqu’à la révolution, il est un excellent soldat qui monte en grade, devient sous-officier et est décoré de l’ordre tsariste de St Georges. Maintenant, ça se peut qu’il s’est exprimé sur ces années à d’autres occasions ; je ne prétends nullement d’avoir le tour de la question. Toujours est-il que le dossier militaire du matricule 214.1738 est plus explicite que son autobiographie du Komintern.

Le dossier militaire du matricule 214.1738


Le « service actif » de Julien Lahaut.comme « engagé volontaire pour la durée de la guerre au corps des autos-canons » a commencé à Paris le 9 janvier 1915. Il fut « licencié » le 15 mars 1919 avec le grade de « 1er maréchal des logis chef ».  En trois ans, il gravit presque tous les échelons des sous-officiers.  Le 10 juillet 1918, ce militant syndicaliste de gauche «passa au CIA ».  La CIA ?  Non, le CIA, Centre d’Instruction de l’Artillerie à Eu (France). Pour sa courageuse participation à la campagne des ACM, il obtient :
  • la croix de Saint Georges 4ème classe
  • la Médaille de la Victoire et la Croix de Guerre 14/18 avec Palme « pour le courage et le dévouement dont il a fait preuve au cours de sa longue présence au front »
  • l’insigne spécial 1916-R-1918 sur le ruban de la Médaille Commémorative de la Guerre 14/18
Notons enfin qu’il fut cité trois fois aux OJ/ACM en Russie : « pour sa belle conduite en toute circonstance »
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Quelqu’un a ajouté au crayon bleu sur le coin d’un document le mot « député », confirmé par deux lettres sur papier avec en-tête de la Chambre des Représentants demandant la Carte de Feu 14 – 18 et des duplicata des « citations détruites lors de la récente guerre ». Une lettre atteste que deux groupements de résistance pendant la Deuxième Guerre Mondiale, le Groupement de Résistance Armée et l’Armée Belge des Partisans, lui reconnaissent le grade de Lieutenant-colonel. Un document mentionne que J. Lahaut a été arrêté par l’occupant nazi le 22 06 1941, condamné à mort, mais heureusement libéré (vivant) du camp de Mauthausen le 28 03 1945.Quelqu’un a ajouté à la main au milieu d’un document la mention « décédé le../../1950 » (jour et mois absents).

Julien Lahaut n’a pas attendu l’ACM pour être de « gauche ». 

Au retour de Russie, le milieu politique s’est méfié de la « contamination communiste » qui aurait pu « gangréner » les soldats belges qui avaient traversé la révolution.  D’où la dispersion rapide du corps après son débarquement à Bordeaux? 
En ce qui concerne Julien Lahaut en tout cas, il n’avait pas attendu l’expédition pour être de « gauche ».  Ouvrier dès l’âge de 14 ans, militant syndical à 18 ans, il est renvoyé suite à sa participation aux grèves de 1902. Il fonde en 1905 un syndicat métallurgiste. Sa conversion au léninisme semble dater de la révolution vécue sur place en Ukraine. Mais ça prend du temps. Julien Lahaut fut démobilisé en 1918. Il reprit ses activités syndicales à la Centrale des métallurgistes. Il fit partie de la minorité qui souhaitait l’adhésion du POB à la IIIe internationale, mais ne rejoignit pas le Parti communiste lors  de sa fondation en 1921.
Sa position favorable au bolchevisme et sa pratique syndicale radicale indisposaient les dirigeants socialistes.
Lors de la longue grève chez Ougrée-Marihaye, la Fédération des Métallurgistes décida la reprise du travail et cessa de payer les indemnités de grève. Julien Lahaut incita à poursuivre l’action. Il organisa l’évacuation des enfants des grévistes confiés à des familles d’accueil. L’opération qui rencontra un énorme succès se déroula sous un calicot resté célèbre : « Les patrons sont des méchants ». La dissidence syndicale menée par Julien Lahaut prit le nom de Chevaliers du Travail, qui adhéra à l’Internationale syndicale rouge, le Profintern. Julien Lahaut fut désigné comme représentant au IIIe Congrès de cette organisation qui se tint à Moscou en 1924. Il participa également au IVe en 1927 et au Ve en 1930.
Entre-temps, en 1923, Julien Lahaut fut arrêté dans le cadre d’un grand procès intenté aux dirigeants communistes qui s’étaient prononcés contre l’occupation de la Ruhr par les armées française et belge. Il fut libéré parce qu’il n’était pas  membre du PCB puis relaxé avec tous les inculpés. Il annonça, à cette occasion, son adhésion au PCB. Il fut élu conseiller communal en 1926.

L’épopée du Corps ACM

Le Corps partit en bateau par Brest le 22 septembre 1915 et arriva à Arkhangelsk le 13 octobre. Le transport s’avère assez rude (le major Collon fait le trajet en train), mais une fois arrivé en Russie le corps retrouvé son aspect élitaire. L’empereur en personne les reçoit à Tsarskoïe Sélo et ils sont casernés quelques mois chez les lanciers de l’impératrice, à Petershof. « Déjà sur le bateau, Julien monte une revue basée sur le folklore wallon comme le pastiche de l’Ave Maria, Mareye clap sabots. Le choeur des autocanons se produit avec succès au Palais de Peterhof devant l’élite des officiers tsaristes » (Jules Pirlot, Julien Lahaut,vivant p.33).
Aux premiers jours de 1916 l’ACM rejoint la XI° armée en Galicie (offensive Broussilov) . Comme les choses sérieuses commencent, Collon est rappelé au Havre et remplacé le 9 mars 1916 par le Major Semet,
plus exigeant, qui commandera les autos blindées lors de leur baptême du feu. Ils laisseront en Russie 11 morts.
Le corps se retrouve aux côtés d'un corps identique envoyé par la British Army. La propagande s’y met et des magazines français publient l’histoire indienne (entièrement fictive) d'un raid belge, plus de 100 miles derrière les lignes autrichiennes. Ce qui amène 100 nouvelles recrues à corps.
Devant les pertes de l'offensive Broussilov l’enthousiasme retombe vite. Les belges ont difficile d’accepter l’attitude des officiers aristocrates russes qui sont très hautains, aussi envers les soldats alliés, et qui vont jusqu’à interdire de fumer en rue. L’atmosphère se dégrade tellement qu’en novembre le corps reçoit la visite de Ryckel, représentant de la Belgique au Grand Quartier  Général dirigé par le Tsar lui-même. Le petit Tsarévitch adorait de grimper sur le dos de représentant de la Belgique qu’il avait large et très bon-papa.
de Ryckel
Ryckel décide de mettre la pression sur récalcitrants. On lui montre le Maréchal de logis Bodson qui n’accepte pas ces règlements interdisant de fumer dans les rues. Ryckel l’interpelle : « voyons, vous êtes volontaire de guerre, vous avez offert votre vie à la patrie. Et vous ne sauriez pas faire le sacrifice d’une cigarette ? ». Le soldat lui répond : « Mon général, je ne fume pas ».
En 1917, deux révolutions russes se succèdent rapidement: celle de Kerensky en février et celle des bolcheviks sous Lénine en novembre. Dans son livre ‘Passage à Kiew’, Marcel Thiry explique: “Comment se rendre compte à l’époque des évènements gigantesques qui se déroulaient autour de nous ? On voit mal les montagnes quand on y habite(p. 287).
le Général Kornilov
Le 1 juillet 1917 Kerenski lance une offensive qui s’avère coûteuse pour les belges. C’est la débandade de l’armée russe. Le général Kornilov inflige un blâme général à toutes ses troupes, sauf à son artillerie, à ses régiments cosaques, et aux alliés : tchèques, aviateurs français et corps blindés britanniques et belges.
Le croiseur Aurora pointe ses canons sur le palais d’hiver : c’est le signal de départ de la révolution d’octobre, suivie d’une guerre civile. Les Belges sont les témoins des combats entre blancs et rouges de janvier 1918 à Kiev, gagnés fin janvier par le général rouge Krilenko. Le hasard vaut que son  frère Polski, ingénieur de l’ULg, est l’interprète de l’ACM. Krilenko leur affecte un train de 50 wagons, mais sans locomotive. L’ACM y monte une distillerie semi clandestine de vodka, dont la vente permet de constituer un stock de vivres pour un trajet incertain. "Dans la gare de  Bouin qui est un noeud ferroviaire, les soldats fraternisent avec le soviet local qui leur conseille de se débarrasser de leurs officiers. Fréderic Legrand, ouvrier au service de l'armée, témoigne qu'avec Julien Lahaut, ce sont environ 25 belges qui sympathisèrent avec les bolcheviks. Lui-même choisit de rester en Russie, devient citoyen soviétique et membre du Parti Communiste de l'Union Soviétique" (Jules Pirlot, Julien Lahaut,vivant p.35).
le port de Mourmansk 1918
Le 20 février départ de Kiev, via Moscou, pour Vologda (7 jours, 1350 km). Là on met le train sur une voie de garage. Les officiers belges prétendent que l’ordre est de regagner la France par Mourmansk. Nouvelle révolte de l’ACM : un soviet belge exige de rentrer par le transsibérien
Le corps se divise entre Sibériens et Nordistes. Le soviet n’autorise pas qu’une locomotive soit fournie si c’est pour aller vers le Nord.
Le troisième jour un court convoi apparait : un train spécial de l’ambassadeur de Chine quittant la Russie bolchevique accroche le convoi ACM et se fraye un chemin difficile à travers la Sibérie. Souvent, ils entrent en collision avec les bolcheviks qui veulent saisir leurs armes, ce que les Belges refusent toujours à partir d’un sentiment sain d'auto-préservation. En chemin quatre hommes rejoignent les «Blancs», les forces contre-révolutionnaires du hetman cosaque Semionov. Le 15 mars ils sont à Krasnoiarsk. Le 25 mars, à Daouria, le gouvernement bolchévique décroche le loco. Deux jours plus tard un train chinois arrive qui dépose le 23 avril son ambassadeur et l’ACM à Vladivostok.
Finalement, ils atteignent Vladivostok, où ils seront évacués le 25 Avril 1918 par un navire de guerre américain, le Sheridan. De San Francisco à New York on les présente dans toutes les grandes villes dans des défilés militaires comme des héros de guerre de la "brave petite Belgique." Le 23 Juin 1918, ils débarquent enfin à Bordeaux. Ici, ils ne sont plus des héros, mais un petit groupe de soldats noyé dans une masse de millions. Le 15 Juillet 1918, l’ACM est dissous à Eu.

Jules Destrée : un fauteur de guerre

En parallèle à l’épopée de Lahaut,  un autre personnage parcourt la jeune Russie soviétique en train, sans jamais se rencontrer: le social-démocrate Jules Destrée. Leurs destinées aussi suivront une trajectoire opposée.
Le 8 août 1917, le premier ministre belge de Broqueville télégraphie au ministre de Belgique à Petrograd: «Vu circonstances, j'ai décidé confier temporairement poste Petrograd personnalité politique ».
Il s’agit de Destrée. Il n’pas seulement la haine pour la révolution prolétarienne ; il y va aussi pour défendre les intérêts des multinationales belges qui avaient beaucoup de participations en Russie.  Ces intérêts belges en Russie sont décrits in extenso dans le livre ‘Montagnes russes’ qui consacre d’ailleurs un chapitre aux ACM.
Destrée écrit: « Les Belges étaient nombreux en Russie. Il y avait en Russie plus de Belges que de Français et d'Anglais, sinon de façon absolue, tout au moins proportionnellement aux populations respectives. Le développement industriel de la Russie à la fin du xix° siècle en avait amené beaucoup, la guerre en amena d'autres. Car, événement inattendu, ce fut la Belgique qui vint au secours de la Russie. On écrira quelque jour l'histoire de ce corps d'autos-canons, qui vint participer aux plus durs combats du front russe et se couvrit de gloire en maintes occasions. Moins glorieux, mais utiles aussi, les centaines d'ouvriers choisis dans l'armée belge et mis à la disposition  du Gouvernement russe pour ses usines militaires. Wallons presque tous, les plus nombreux étaient dans la région industrielle du Donetz » (Destrée, Les fondeurs de neige, Bruxelles, 1920 p.122).
A côté de ça il y avait aussi un aspect militaire : l’effondrement du front russe permettait à l’Allemagne de transférer ses troupes vers l’Ouest.
En septembre 1917, Destrée est donc mandé comme ambassadeur extraordinaire et ministre plénipotentiaire belge auprès du gouvernement de Kerenski, et ensuite celui de Lénine.
Jules Destrée avait déjà utilisé en 1915 toute son éloquence pour convaincre les Italiens de déclarer la guerre, dont les socialistes italiens étaient des adversaires féroces. Même le roi Albert trouvait Destrée trop enthousiaste: « Je crois ainsi bien faire de tâcher de refroidir un peu son ardeur guerrière. Encore un qui vit mieux et plus agréablement de la guerre que de la paix ».
Destrée n’était pas seulement un fauteur de guerre. Il était antisémite, il avait quelques années plus tôt écrit au sujet des Flamands quelques solides énormités, il n'épargnera pas davantage les Russes: «Un Russe peut se dire socialiste, il n'en est pas moins le fils d'un alcoolique, le petit-fils d'un esclave, et le descendant d'un barbare d'Asie ... Ils sont très courageux, j'en conviens, quand ils sont à dix contre un ... Le sentiment de dignité est rare, et celui de la propreté, rare aussi, parce que le premier fait défaut ... Le Russe est remarquablement paresseux. Boire du thé et fumer des cigarettes lui paraissent les occupations essentielles de l'existence».
En temps normal, un diplomate avec un tel profil aurait été écarté. Mais il arrive là-bas à quelques semaines de la révolution d’octobre qu’il haïssait encore plus que les Russes. Un peu de racisme envers les Russes était presqu’un atout… Il parlait de Lénine comme d’un « homme quelconque où il y a du Mongol et du Boche » (boche est un mot péjoratif pour désigner les Allemands pendant la première guerre mondiale, ndlr). La révolution n’avait d’ailleurs aucune chance de réussir car le « Russe n’était que le fils d’un alcoolique, le petit-fils d’un esclave et le descendant d’un barbare d’Asie ».
Ceci dit, indépendamment de son racisme, son efficacité en tant qu’ambassadeur sera nulle. Son gouvernement lui enjoint «d’éviter toute communication avec gouvernement actuel» (de Lénine). Il reçoit des directives parfaitement irréalistes, presque surréalistes. Il faut, lui télégraphie-t-on le 28 novembre, «rappeler la Russie à ses devoirs d'alliée”. Or qu’un des trois mots d’ordre de la révolution russe était la paix… Le diplomate De Robien dira : Celui qu'ils détestent le plus, c'est M. Destrée, qui, disent-ils, est un «faux frère».
Lui ayant enjoint de quitter la Russie fin 2018, le gouvernement lui confie l'ambassade de Pékin. Il rejoint son poste après un long périple qui le conduit à Vladivostok et au Japon. Devenu ambassadeur de Belgique au Japon en 1919, il plaida – avec beaucoup d’esprit de suite - auprès des autorités japonaises pour une intervention militaire contre la révolution russe aux côtés des Anglais et des Français.

Destrée et le Soviet des Diplomates de la Compagnie des Wagons-Lits.

Le 28 février 1918 les missions alliées décident de quitter Pétrograd pour protester contre l'expulsion du ministre de  Roumanie. Le départ s’avère difficile : les diplomates se retrouvent à la gare mais le train tarde à partir. La Finlande où ils veulent se retirer est embrasé aussi par la guerre civile.
Dans son livre ‘Les fondeurs de neige’ Destrée nous donne un récit détaillé de son périple en train.
« L'offensive allemande fut l’occasion, on le prétend, d'une décision. Enfin, le train siffle et s'ébranle, à la satisfaction générale : nous nous évadons de Russie. . . A la frontière, s'aperçoit d'une irrégularité dans les visas de sortie ; on en réfère à Pétrograd. L'adjoint au Commissaire du Peuple aux Affaires étrangères accourt sur une locomotive. Le lendemain, nous arrivons en Finlande, à Helsingfors, où nous  parlementons soit avec les autorités locales, soit, par Stockholm, avec lé général Mannerheim pour obtenir l’autorisation de passer les lignes de combat. Le petit groupe belge s'installe à la gare dans une voilure de la Compagnie des Wagons-Lits.
Tout le monde pense à fuir. Mais nul ne sait où aller. Les chemins de la mer sont fermés. Ceux de la terre ne mènent qu'à Pétrograd ou aux lignes de combattants. Helsingfors est comme une prison où les pires calamités sont imminentes.
Le comité révolutionnaire de Tammersfors mars 1917
Le train des diplomates essaye de gagner la Suède, par  Tammerfors. Et notre train part, accru d’une colonie française, une colonie belge, des Russes, des Polonais. A Tammerfors, nous sommes tout près du front.  L'arrivée de deux cents personnes dans une ville affamée, se répercute douloureusement sur le marché alimentaire et y rend aussitôt la vie plus chère. Il n'en fallait pas davantage pour que nous  fussions rapidement indésirables. Un soir, dans la partie du wagon-restaurant réservée aux conférences et que nous avions baptisée le Soviet des Diplomates et Commissaires, les délégués de la garde rouge vinrent nous signifier qu'il fallait déguerpir. Nous finîmes par accepter la proposition de rétrograder jusquà Toyola où le train  est garé à quelque distance de la station.
On nous laisse le choix : Pétrograd ou Helsingfors. Nous choisissons. . . Kouvola. Arrêt à Lakti.
Le train blindé 'Partisan' en Finlande
Le gouvernement français conseille de rentrer en  Russie ; on m'engage moi à rester en Finlande et à 
essayer de gagner la Suède. L'ambassadeur de France emmène avec lui les Italiens et les Serbes ; je reste avec les Portugais, les Grecs et les Roumains et aussitôt arrivé à Kouvola, je reprends les pourparlers avec les autorités civiles et militaires. Les Rouges sont accueillants. Notre train ne comprend plus, d'ailleurs, qu'une soixantaine de voyageurs, les Rouges permettent à deux parlementaires de passer chez les Blancs afin de préparer un armistice qu’ils acceptent; Un train nous mène jusqu'à la petite station d'Hiérosalmi ; au delà, nous avons à parcourir six cents mètres pour atteindre les avant-postes blancs. Au moment où se réalise notre rêve, on nous interdit de descendre de voiture. Je téléphone au commissaire du peuple aux Affaires étrangères, à Helsingfors. Il m'exprime ses regrets et m'objecte les nécessités militaires.
On nous ramène à Kouvola. Ceux qui veulent descendre du train sont brutalisés et obligés de réintégrer leurs compartiments. La population si accueillante la veille est devenue hostile. Tout notre train est gardé par la troupe. A chaque portière, un garde rouge, revolver au poing. Le commissaire de la gare est ivre et insolent.
Le train part sans qu'on nous ait consultés  sur notre destination, et pour comble d'ironie, la fanfare joue la Marseillaise, comme si Kouvola venait de remporter une victoire.
Nous rentrons en Russie. A Bielostrov, la gare frontière, un commissaire russe  vient nous présenter des excuses, avec une courtoisie inaccoutumée. Nous sommes libres. Si Pétrograd a télégraphié à Helsingfors à notre sujet, c'était par sollicitude, pour nous empêcher d'être pris par les Allemands qui viennent de débarquer en Finlande. On nous a conseillé de ne pas rester en Finlande. Comment ce conseil amical a-t-il pu se transformer en expulsion brutale ?
Manifestation de marins à Petrograd
En tous cas, nous sommes libres, libres d'aller à Pétrograd, si ça nous plaît, ou à Moscou, près du gouvernement qui nous recevra volontiers, ou à Vologda où sont les ambassadeurs de France et d'Amérique. Tant de bienveillance est vraiment déconcertante. Nous rentrons à Pétrograd ».
Voilà pour une première boucle. Retour à la case départ.
Nous apprenons le reste du récit d’une façon beaucoup plus lacunaire dans une plaquette éditée à l’occasion du 150e anniversaire des relations diplomatiques entre  la Russie et la Belgique.
« Jules Destrée,  nouveau Ministre de Belgique, cherche, dans un premier temps, à rallier la Finlande.  Il en est empêché par les combats et pour finir se replie sur la Chine avec son attaché militaire, le général de Ryckel ».
D’autres belges parcourront dans d’autres trains la Russie révolutionnaire. Le capitaine Nicaise, adjoint à la Légation, est chargé d’organiser le voyage des réfugiés belges par Arkhangelsk. Dans le Donetz se sont implantées de nombreuses industries belges, dont un grand nombre de verreries.  Les ouvriers verriers se constituent en convoi.  Un train de 120 wagons à bestiaux emporte 2.000 Belges, femmes et enfants compris. Le voyage est un vrai chemin de croix.  Il faudra trois semaines pour atteindre Mourmansk.  Les réfugiés y sont parqués dans des baraquements, où le froid et la faim favorisent les épidémies. Finalement, le port est libéré des glaces et un convoi part vers la Norvège.
D’autres essayeront en vain de quitter la Russie par le Sud, mais les Allemands en Ukraine et le blocus du Bosphore leur ferment la route.
D’autres encore, tenteront leur chance par la Caspienne vers l’Iran, certains avec succès.
Et d’autres resteront avec les bolcheviques, comme ce forgeron de Mons, Frédéric Legrand, qui avait été envoyé pendant la guerre avec d’autres ouvriers belges dans les usines d’armement en Russie. Legrand se battra du côté des bolcheviks.
Les relations diplomatiques avec les autorités soviétiques sont rompues par les alliés, rupture que la Belgique officialise le 27 août 1918. La reprise des relations se fait lentement, maladroitement. Il faudra attendre 1935 pour renouer un contact diplomatique entre les deux pays. Et les relations au niveau Ambassadeur ne furent reprises qu’en 1941, après l’invasion allemande.

La social-démocratie belge fauteur de guerre

Destrée n‘était pas un franc-tireur dans la social-démocratie. Ses idées de base étaient partagées par toute la direction du POB. Jean Stengers décrit comment la Belgique va déployer des efforts particuliers pour pousser, pour encourager la Russie à demeurer dans la guerre après la révolution de février et comment l'effort majeur du gouvernement belge, à cet égard, passera par les socialistes. Une délégation belge, avec les sociaux-démocrates Emile Vandervelde, Louis De Brouckère et Henri De Man, sera spécialement active pour essayer de maintenir la Russie en guerre. Ensuite la Belgique sera le seul pays occidental à envoyer à Petrograd, pour la représenter officiellement comme diplomate, un homme politique socialiste, en la personne de Jules Destrée.
En Russie, deux révolutions se sont suivies. La révolution de février avait été saluée par Vandervelde avec enthousiasme parce que ça lui enlevait une épine hors de son pied. Défendre une guerre ‘juste’  avec l’autocratie russe dans le camp des alliés, ça choquait. Désormais, déclare-t-il, l'on pourra apercevoir, «dans sa clarté éblouissante, la portée de la lutte suprême qui met aux prises les peuples du monde entier. D'un côté toutes les autocraties, de l'autre toutes les démocraties».
Tombe Karl Marx Highgate
Le 1er mai 1917, au cimetière de Highgate, il parle, comme Président de l'Internationale, sur la tombe de Karl Marx. On entend parfois demander, dit-il : «Où est l'Internationale ? La réponse est simple : ses membres sont épars; mais son âme n'a jamais été plus vivante. Elle est dans les prisons d'Allemagne. Elle est dans notre Maison du Peuple à Bruxelles, où nos camarades attendent avec une fermeté stoïque le jour de la libération. Elle est dans cette Révolution russe qui saura ne pas démentir les espérances que la Démocratie et le Socialisme du monde entier fondent sur elle...»
Devant ce langage guerrier à peine masqué (les espérances consistaient à garder la Russie en guerre), Marx s’est sûrement retourné dans sa tombe…
Il faut à tout prix que la Russie nouvelle poursuive la lutte sans faiblir. Vandervelde, dans ce sens, se dépense. Le chef du gouvernement, de Broqueville, lui demande d'adresser, au nom des socialistes belges, un appel des ouvriers belges à leurs frères de Russie. L’idée venait de général de Ryckel, chef de la mission militaire belge auprès de l'Armée russe, à qui l’idée avait été soufflée par l'État major de l'Armée russe : un
Vandervelde harangue les troupes sur l'Yser
manifeste des socialistes occidentaux aux ouvriers russes ferait bien l’affaire.
Vandervelde le fait aussitôt, et, avec lyrisme, il lance aux frères du «prolétariat russe»: «Nous avons l'absolue conviction qu'après s'être libérés eux-mêmes, ils continueront la lutte pour assurer l'indépendance des autres, et c'est avec cet espoir que nous saluons la Révolution russe, qui doit assurer et réaliser, pour être complètement victorieuse, la défaite décisive des derniers représentants de l'autocratie en Russie » .
En mai-juin 1917, Vandervelde part donc en Russie. En choisissant pour l'accompagner De Brouckère et De Man, Vandervelde était fort habile: il prenait deux hommes qui se situaient à la gauche du parti, deux homme aussi qui, après s'être distingués avant 1914 par leurs attitudes anti-militaristes, s'étaient engagés dans l'armée belge.
arrivée de Lénine à la gare de Finlande
Vandervelde et De Man arrivèrent à Petrograd le 18 mai. Ils avaient voyagé dans le même train que Trotsky, et les acclamations, à la gare de Finlande, s'adressèrent beaucoup plus à ce dernier qu'à Vandervelde. «Voyez-vous, citoyen Vandervelde», lui disait Trotsky (qui le détestait), «cette grande manifestation, ce n'est pas pour l'ex-Président de l'Internationale, c'est pour moi».
C'était avant tout une tournée de discours, où ils haranguaient les foules et les soldats en «prédicateurs de la guerre sainte». Vandervelde calculait que ses compagnons et lui s'étaient adressés à près de 100.000 personnes.
Parmi les images dont Vandervelde se servait dans ses harangues, celle qui portait le plus était celle -ci: «Le monstre du despotisme européen a trois têtes. Elles s'appellent Romanoff, Hohenzollern et Habsbourg. Ce sont celles du tsar de Petrograd, du tsar de Berlin, du tsar de Vienne. Le peuple russe a abattu l'une des trois têtes. Mais prenez garde ! Elle repoussera, si vous n'abattez pas aussi les deux autres» (Souvenirs d'un militant socialiste, p. 259 ; voir aussi Trois aspects de la Révolution, p. 144).  Voilà comment on recycle la première phrase de Manifeste Communiste (Un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot, les eaux de France et les policiers d'Allemagne) en son contraire : en appel pour une guerre impérialiste….

Le général de Ryckel, un bouc émissaire qui n’aime pas trop la boue du front

Le Tcharevtich avec le Gl de Ryckel
Nous avons déjà retrouvé le général de Ryckel chez Destrée : ils font ensemble le trajet vers la Chine. Nous l’avons croisé aussi dans le récit de Thiry sur la première révolte des ACM. En tant que représentant de la Belgique au Grand Quartier  Général russe, De Ryckel était aussi le chef des ACM : un général de salon qui a échangé une fois seulement ses chambres confortables à Petrograd (Saint-Pétersbourg ) pour la boue derrière le front lors d'une visite à «ses» hommes de l’ACM pour mater une révolte. Probablement à cause de lui ils avaient la réputation d'un gang indiscipliné, de fauteurs de troubles influencés par les bolcheviks.
Mais ce général de salon était aussi une figure tragique : le bouc émissaire de la bataille des forts de Liège en 1914.
En 1909 le lieutenant-colonel de Ryckel avait publié en son nom un ‘Mémoire sur la défense de la Belgique’. Ce mémoire attire l’attention de l’aide de camp du prince Albert, et de l’ordonnance du Roi. Les faiblesses stratégiques du plan Ryckel ne dérangeaient nullement Albert qui avait une autre stratégie, le repli sur le « réduit national » à Anvers ; repli qui laissait la France, garant de la neutralité belge, à la merci d’une percée à travers la Belgique. Les autorités belges font donc semblant d’exécuter le plan Ryckel. En décembre 1913, Ryckel est réintroduit à l'Etat-major de l'armée en tant que sous-chef, chargé expressément des plans de défense. Lors de l'ultimatum autrichien à la Serbie du 23 juillet 1914, l’on ‘découvre’ la non exécution du plan. Ryckel, offensé par une certaine indifférence, avait arrêté les études et renvoyé ses collaborateurs. Le 28 juillet, avec la déclaration de guerre de l'Autriche à la Serbie, la Belgique se rabat sur un plan Ryckel ‘allégé’, et demande le  transport par voie ferrée du gros de l'armée sur la rive gauche de la Meuse. Mais les chemins de fer belges se déclarent incapables de réaliser en quelques jours ce que l'Etat-major n'avait pu faire en sept mois.
Ryckel proposa alors une nouvelle variante : le gros de l'armée serait concentré entre Louvain et Wavre, d'où il gagnerait la Meuse à pied, en deux ou trois étapes. Le Roi fit encore grand éloge du plan ersatz, le 2 août au soir, lors du Conseil où fut rejeté l'ultimatum allemand. Dans la nuit du 5 août, l'idée fut mise à l'épreuve des faits. Le plan ersatz s'effondre au premier choc. Ryckel préconise alors un repli sur Anvers, auquel le Roi consent évidemment. Les allemands peuvent envoyer leur première et deuxième armée sur la Marne, en laissant juste une petite couverture sur leur flanc belge exposé. Après l’enlisement sur la Marne les allemands se tournent vers Anvers. L’armée de campagne belge se retire sur l’Yser, laissant derrière elle 30.000 soldats de forteresse, dont une bonne partie rejoint la Hollande…On les déclarera après-guerre déserteur… Ca fait un beau troupeau de boucs émissaires, mais De Ryckel est le premier: il est limogé. On l'envoie le 14 septembre représenter l'armée belge auprès du grand quartier général russe. C'est là que le retrouvent en 1917 les sociaux-démocrates Vandervelde, de Brouckère et De Man, chargés de maintenir la Russie dans la guerre. Très prévenant, il dactylographiait leurs discours et leur servait quasiment de secrétaire. «Nous ressentions pour lui, écrit Vandervelde, une sympathie croissante».

Les ACM et les commémorations   

Des retraités bénévoles reconstruisent entièrement un autocanon mitrailleur Minerva-Mors pour le centenaire des débuts de la Grande Guerre. L'auto canon mitrailleur sera exposée au musée royal de l'Armée.
CMI d’Aubange a offert le blindage de la voiture en tôles d’une épaisseur de 6.35 mm. 
Deux bières commémoratives viennent de naître en région liégeoise: une bière pour les Forts de Liège et une autre belgo-russe, brassée à Anthisnes, que Bruno Bernard, l’un des fers de lance du projet, veut  proposer à Poutine. Une très bonne idée qui peut arrondir un peu les angles du conflit ukrainien…
Mais il serait peut-être bien d’évoquer cette épopée lors de la commémoration de Julien Lahaut le 18 août. Tout compte fait, ça serait probablement la seule évocation un peu sérieuse, quand on sait que l’expo 14-18 aux Guillemins se vante de présenter seulement le décor.
Dans le cadre de 14-18 MPLP Herstal organise une balade vers le cimetière de Rhées. Voir mes trois blogs sur la bataille de Rhées et de Pontisse

Bibliographie      

(Je n’ai pas lu tout ça. C’est des références que j’ai retrouvé dans les textes en hyperlien)
Photos
textes
THIRY, Marcel. Le tour de monde en guerre des autos-canons belges 1915-1918. Le Grand Miroir, 2003.
Marcel Thiry, Le Tour du monde en guerre des autocanons belges, éd. André de Rache, Bruxelles, 1965.
Marcel et Oscar Thiry, Soldats belges à l'armée russe. Récit de campagne d'une auto blindée en Galicie, éd. Printing, 1919 et  Thone, 1923.  
Voyageurs de la Grande Guerre. L'odyssée d'un corps blindé belge 1915-1919. Reizigers door de Grote Oorlog De odyssee van het Belgische ACM-pantserkorps 1915-1918"; August Thiry & Dirk Van Cleemput, Davidsfonds, Leuven, 2008
Lise, la fille de Marcel Thiry, a édité les lettres de Russie  de son père. 
BRASSINE, Valère. Ma campagne de Russie. Namur, 1957.
VAN DER DONCKT. Avec le corps belge des autos-canons dans la révolution russe. Bruxelles, 1920.
Tank Museum News N° 63/64, du Musée Royal de l’Armée à Bruxelles sur les ACM en Russie
Le CArCoB a des photocopies du dossier Lahaut  à l’armée.
Françoise Lempereur, maitre de conférence à l’ULG, travaillerait sur le sujet ( pour un film ?).
Un chapitre est consacré aux ACM dans Paul Aron etc.  Montagnes russes EPO, 1989
Voyageurs de la Grande Guerre. L'odyssée d'un corps blindé belge 1915-1919, 2008,
http://www.mariusbroos.nl/Geschiedenis/Diksmuide-Nieuwpoort.html
Les autos-canons de 1914-1918, LILY PORTUGAELS, La Libre Belgique Gazette de Liège, 2004
80 000 km d'un soldat belge pendant la guerre, par Constant Stiers, éd. Dandoy, Châtelet, 1934.
«Avec le corps expéditionnaire belge dans la Révolution russe », par le général Semet, Revue Hauteclaire, numéro d'avril et de juillet 1934.
«L'Aventure des autocanons belges en Russie», par le lieutenant-général Semet, Revue Belge, 1er mars 1934.
«Ma deuxième mission en Russie pendant la guerre», par le lieutenant-général Semet, Bulletin des sciences militaires, février 1939.
«Mémoire polycopié sur l'odyssée du corps des autocanons en Russie», par Maurice Rogez, Bibl. du Musée royal de l'armée et d'histoire militaire.
Collections du périodique de la Fraternelle des Autocanons, Bibl. du Musée royal de l'armée et d'histoire militaire.
VAN DER DONCKT. Avec le corps belge des autos-canons dans la révolution russe. Bruxelles, 1920.
http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=33872 Les Journées du Patrimoine 2007 exposition, «Jules Destrée, diplomate de la Grande Guerre».
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_1988_num_66_2_3628 Belgique et Russie, 1917-1924 : gouvernement et opinion publique  Jean Stengers.   Revue belge de philologie et d'histoire  lien   Année   1988    Volume   66   Numéro   66-2    pp. 296-328
H. De Man, The Remaking of a Mind. A soldier's thoughts on War and Reconstruction, Londres, 1919,
M. Wilgot, La Mission Vandervelde en Russie en 1917 (Mémoire de licence en histoire, UCL, 1972).
Vandervelde, dans ses Souvenirs d'un militant socialiste, évoque le voyage avec Trotsky.
Sur la mission de Destrée il y a le témoignage de son secrétaire, Richard Dupierreux http://connaitrelawallonie.wallonie.be/fr/wallons-marquants/dictionnaire/dupierreux-richard#.U1F5wvl_uLU  (cf. R. Dupierreux, Jules Destrée, Paris-Bruxelles, 1938, p. 115 et sv. ;
Destrée, Les fondeurs de neige, Bruxelles-Paris, 1920, p. 175, 168, 161 et 162.
J. Noulens, Mon Ambassade en Russie soviétique, 1917-1919, 1. 1, Paris, 1933, p. 188
 L. De Robien, Journal d'un diplomate, p. 211 et 245
M. Flémal, L'antibolchevisme et la politique belge, 1918-1925 (Mémoire de licence en Histoire, ULB, 1976).  


lundi 21 avril 2014

Voltaire sur la théologie carolingienne

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Je ne saurais arrêter mes blogs sur Charlemagne sans dire un mot sur Voltaire. Ca continue de m’étonner comment deux siècles et demi après ses pages visionnaires sur Charlemagne (Abrégé de l'histoire universelledepuis Charlemagne jusques à Charlequint Chapitre VIII : De la Religion).
on soit retombé, au niveau de ce qu’on sert au grand public, à des inepties. D’abord quelques extraits de Voltaire qui relativisent cette grande civilisation carolingienne.

Charlemagne, qui vendait si cher la connaissance du Christianisme!

« Dès ces temps les Évêques d'Occident étaient des Seigneurs temporels.  Les Évêques et les Abbés avaient beaucoup d'esclaves. On reproche à l'Abbé Alewin d'en avoir eu jusqu'à vingt mille (Voltaire utilise ici délibérément  le nom saxon d'Alcuin).
Ce nombre n'est pas incroyable. Alewin avait trois Abbayes, dont les terres pouvaient être habitées au moins par vingt mille hommes. Ces esclaves connus sous le nom de serfs ne pouvaient se marier ni changer de demeure sans la permission de l'Abbé. Ils étaient obligés de marcher 50 lieues avec leurs charrettes, quand il l'ordonnait. Ils travaillaient pour lui trois jours de la semaine, et il partageait tous les fruits de la terre.

Plus d'un Évêque allait au combat avec ses serfs. Je vois du temps de Charlemagne 14 Monastères qui doivent fournir des Soldats; pour peu qu'un Abbé fût guerrier, rien ne l'empêchait de les conduire lui-même. Il est vrai qu'un Parlement se plaignit à Charlemagne du trop grand nombre de Prêtres qu'on avait tué à la guerre. Il fut défendu alors aux Ministres de l'Autel d'aller aux combats. Il n'était pas permis de se dire Clerc sans l'être, de porter la tonsure sans appartenir à un Évêque. De tels Clercs s'appelaient "acéphales". On les punissait comme vagabonds.
Aix-la-Chapelle- Charlemagnes nains
Telle était la puissance de ces Abbés sur les Moines, qu'ils condamnaient quelquefois aux peines afflictives les plus cruelles. Ils furent les premiers qui prirent le barbare usage des Empereurs Grecs, de faire brûler les yeux; et il fallut qu'un Concile leur défendît cet attentat, qu'ils commençaient à regarder comme un droit.
La Religion Chrétienne ne s'était point encore étendue au Nord plus loin que les conquêtes de Charlemagne. La Scandinavie, le Danemark, qu'on appelait le "Pays des Normands", étaient plongés dans une idolâtrie grossière. Ils se figuraient qu'après leur mort le bonheur de l'homme consistait à boire dans la salle d'Odin de la bière dans le crâne de ses ennemis. Les Moscovites, plus sauvages que le reste de la grande Tartarie, en savaient à peine assez pour être Païens; mais tous ces Peuples vivaient en paix dans leur ignorance: heureux d'être inconnus à Charlemagne, qui vendait si cher la connaissance du Christianisme! »

La querelle des Images

Après une conférence de la Pre Florence Close sur la théologie de Charlemagne j’ai eu envie d’approfondir le sujet. Et voilà que Voltaire me relance sur cette piste. Pour lui, la querelle des Images est ce qui s'offre de plus singulier en matière de Religion. En effet, nous savons que les musulmans interdisent les images. Idem avec les iconoclastes chez nous.
Mais en fait Charlemagne aussi était contre les images. En partie parce que ça l’arrangeait bien : en prenant le contrepied des positions de l'Impératrice de Byzance Irène, il pouvait prétendre être le seul Empereur.
Voltaire « voit d'abord que l'Impératrice Irène, Tutrice de son malheureux fils Constantin Porphyrogénète, pour se frayer le chemin à l'Empire, flatte le Peuple et les Moines, à qui le Culte des Images proscrit par tant d'Empereurs depuis Léon l'Isaurien plaisait encore. Voilà ce qui assemble en 786 le second Concile de Nicée, septième Concile Oecuménique, commencé d'abord à Constantinople, puis continué à Nicée. Nicée rétablit le Culte des Images.
Or, Charlemagne s'était déclaré hautement contre les Images. Il venait de faire écrire les Livres qu'on nomme "Carolins", dans lesquels ce culte est anathématisé. Il assemblait en 794 un Concile à Francfort, composé de 300 Évêques ou Abbés tant d'Italie que de France, qui rejetait d'un consentement unanime le service et l'adoration des Images.
Tandis que le Pape Adrien envoyait en France les Actes du second Concile de Nicée, il reçoit les Livres Carolins opposés à ce Concile, et on le presse au nom de Charles de déclarer hérétique l'Empereur de Constantinople et sa mère.
On voit assez par cette conduite de Charles, qu'il voulait se faire un nouveau droit de l'hérésie prétendue de l'Empereur, pour lui enlever Rome sous couleur de justice. Le Pape écrit à Charlemagne : ‘Je ne peux déclarer Irène et son fils hérétiques après le Concile de Nicée, mais je les déclarerai tels s'ils ne me rendent les biens de Sicile’».

Le filioque

Voltaire «voit la même prudence de ce Pape dans une dispute encore plus délicate, et qui seule eût suffi en d'autres temps pour allumer des guerres civiles. On avait voulu savoir si le St. Esprit procède du Père et du Fils, ou du Père seulement? Toute l'Église Grecque avait toujours cru qu'il ne procédait que du Père. Tout l'Empire de Charlemagne croyait la procession du Père et du Fils. Ces mots du Symbole "qui ex patre filioque procedit", étaient sacrés pour les Français, mais ces mêmes mots n'avaient jamais été adoptés à Rome. On presse de la part de Charlemagne le Pape de le déclarer. Le Pape répond qu'il est de l'avis du Roi, mais ne change rien au Symbole de Rome ».
ill. wikipedia
Ici aussi je penche vers une théologie carolingienne instrumentalisée : après les images, le filioque était un bon prétexte pour contester l’autorité de Byzance… Les théologiens arabes tranchent cette dispute d’une manière autrement radicale : pour eux, et je partage ce point de vue, la religion chrétienne n’est pas une religion monothéiste, avec sa Trinité et ses saints. Et ceci nous ramène au Sint Tchåle. Notre église de la Licour est placée sous la protection de Notre-Dame mais aussi sous celle de Saint-Charles, Sint Tchåle, canonisé en 1165 à la requête de l’empereur schismatique Frédéric Barberousse (pour Rome il était l’Antichrist) et avec l’approbation de l’antipape Pascal III. Ma boucle est bouclée et avec Voltaire je peux laisser reposer Charlemagne en paix…


samedi 19 avril 2014

Les châteaux de Chokier et Aigrémont

Ces deux châteaux de plaisance, Chokier et Aigrémont, ont été construits sur les ruines de deux forteresses.

Le château de Chokier

La forteresse de Chokier a été rasée deux fois. Une première fois en 1298, lors de la guerre entre les Awans et Waroux (une véritable vendetta). Le seigneur des lieux Guillaume de Hozémont s'était moqué publiquement de l'autorité du Prince Evêque et vit son château rasé. Quatorze années plus tard une alliance entre le prince et le peuple de Liège porte un fameux coup à ces guerres féodales stériles lors du Mal Saint Martin.
En 1345, la famille Surlet voit son château brûlé par les Hutois, Liégeois et Dinantais réunis. Ceux-ci, révoltés contre la mauvaise gestion des deniers publics par la famille Surlet, pillèrent et ruinèrent les biens des familles des dits échevins.
Mais dans la famille Surlet (comme chez les de la Marck) on trouve de tout. Le 28 octobre 1467 c’est un Surlet de Chokier qui conduit les Liégeois à la bataille à Brusthem, à côté de Raes de Heers. Il est resté parmi les 6000 morts. Son voisin Guillaume de la Marck est aux abonnés absents cfr l’histoire d’Aigrémont ci-dessous.
Au XVIIIe siècle la forteresse médiévale – ce qu’il en restait - fut transformée en château de plaisance et prit à peu près l'aspect qu'il a aujourd'hui. Le 27 juin 1717, le Tzar Pierre le Grand fut reçu à Chokier. «Pierre premier, surnommé le Grand, czar de Moscovie, arriva en 1717 de France à Liége, où il fut reçu avec éclat & magnificence. Ce monarque y vit ce qu’il y avoit de plus remarquable, & observa sur-tout, avec attention, les houillères, et leurs machines. De là, il se rendit à Spa, où il prit les eaux pendant six semaines, et recouvra une santé parfaite. »
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Un siècle plus tard  en 1815, un général de Napoléon, le Comte Louis-Henri Loison, achète le château. Celui-ci avait commencé sa carrière en 1801, à la tête le la 25e division qui commande le département de l'Ourthe. Il se fait remarquer par la dévastation de l'abbaye d'Orval qui lui vaut le conseil de guerre. Pour être traduit devant le tribunal pour des faits de pillage dans l’armée française de cette époque, il fallait y aller!  Il monte vite général de brigade à l'armée de Rhin-et-Moselle. Il suit Napoléon jusqu’au bout: après sa participation  aux cent jours il est mis à la retraite en 1815. C’est à ce moment-là qu’il achète Chokier, probablement pour échapper à la restauration qui frappe les partisans de Napoléon en France. Il n’en profitera pas beaucoup : il s'éteint le 30 décembre 1816 à l'âge de 45 ans. Sa dépouille est inhumée dans un mausolée bâti dans le parc du château où elle repose durant 50 années. En 1867, lors de la vente de la propriété, le mausolée est transféré au Père-Lachaise où il rejoigne pour toujours sa 19e division (Henri Jeanpierre : Loison, général divisionnaire oublié: 1771-1816 et http://www.napoleon-series.org/research/biographies/loison/c_chokier.html).

Le château d’Aigremont

Le château d’Aigremont a été construit sur les ruines du château de Guillaume De la Marck. Pour Henry Carton De Wiart (‘La Cité Ardente’ p109) c’était « un personnage farouche et redouté, ne respirant que la guerre, vivant de la guerre, ardent aux querelles et aux rapines, aux débauches, d’humeur sauvage et de poil rude, cruel envers ses ennemis jusqu’à leur arracher le cœur de la poitrine, quand il les a massacrés, il a plus d’un trait commun avec le sanglier ardennais dont il poste la hure dans ses armes et dont il revendique le nom en guise de sobriquet ». Son histoire a inspiré le roman Quentin Durward de
Massacre de l'évêque de Liége  par Delacroix
Walter Scott en 1823, roman qui a fourni le sujet du Massacre de l'évêque de Liége peint par Delacroix.
On dit parfois que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Mais pour Guillaume de la Marck c’est exactement le contraire. Le chemin de ce de la Marck était pavé des intentions les plus sordides, mais a pavé la route des révolutionnaires liégeois.
Le hasard de l’histoire fait que ce chevalier pillard a joué du début à la fin un rôle clef dans la longue lutte qui a opposé les liégeois à leur prince-éveque Louis de Bourbon, lutte qui s’est terminé par le sac de Liège en 1468.
Ce prince-éveque avait été imposé à la Cité par le duc de Bourgogne en 1456, et tué par les mains de notre chevalier brigand le 29 août 1482 sous les murs de Liège. Au moment où Louis de Bourbon monte sur le trône de St Lambert, l’époque était révolutionnaire: en 1452 Gand s’était révolté contre Philippe ‘le Bon’. Et en 1463 la ville de Cologne conteste la nomination de son archevêque Robert de Bavière. 
En 1458 déjà Louis de Bourbon doit se retirer à Maastricht. En 1461 Raes de Heers dirige la révolte les knuppelslaegers ou fustigeants, qui aboutit en 1464 à la mise sous séquestre des biens et la déchéance du prince évêque. Fin 1465 le pape Paul II déclare par une bulle ‘La Pauline’ que l'autorité temporelle et spirituelle sur le pays de Liège appartient à l'évêque, et non à la Cité.
Evidemment, le protecteur le plus redoutable du prince est le duc de Bourgogne qui est à cette époque en conflit avec le roi de France Louis XI. Les liégeois croient pouvoir profiter de cette lutte : en août 1465 ils déclarent la guerre au duc de Bourgogne et ils chassent Louis de Bourbon de Huy. Ils ont été un peu rapides. Louis XI qui doit se battre sur deux fronts, contre bourguignons et bretons, signe une paix séparée avec la Bourgogne en 1465 et les liégeois se retrouvent donc seul devant le Bourguignon Philippe le Bon, qui marche avec une armée de Brabançons et de Namurois contre Liège et les bat le 20 octobre 1465 à Montenaeken.
Mais deux ans plus tard, en septembre 1467, Philippe le Bon, protecteur du prince éveque, meurt. Les Liégeois croient le moment venu de porter l’estocade à leur Prince. Ils assiégent le château de Huy où s'était réfugié leur évêque. Guillaume de la Marck figure parmi les assiégeants et met la ville au pillage. De Bourbon se réfugie auprès du nouveau duc de Bourgogne Charles le Téméraire. Les Liégeois avaient tablé sur une période de transition : ils se trompent encore. Le Téméraire défait des milices communales liégeoises à Brusthem et ordonne l’incendie de la ville rebelle en octobre 1468.
De La Marck fait profil bas et essaye de faire oublier le pillage de Huy. Il fortifie Aigremont et recrute des partisans auxquels il faisait porter comme épaulette la hure de sanglier. Ce condotierre avant la lettre propose ses offres de service au Téméraire quand celui-ci passa par Maestricht pour aller secourir l'archevêque de Cologne. « En ces temps troublés, la pyramide féodale s’efface devant celle des entrepreneurs de guerre. On se contente maintenant de bandes de soudards, dont les membres comptent une forte proposition de déracinés. De la March débauche directement ou par des tiers des partisans de son ennemi Louis de Bourbon. Il acceuille des bannis retour d’exil. Ces affidés comptaient une certaine quantité de gens à cheval » (C. Gaier, Armes et combat dans l’univers médiéval II, éd. De Boeck, p.86).
Louis de Bourbon n’a évidemment pas beaucoup d’appuis dans le pays de Liège. Il ne peut pas se permettre de faire le difficile dans le choix de ses alliés. Quand Everard de La Marck propose d’amnistier son frère Guillaume l'évêque le rétablit dans sa seigneurie d'Aigremont, et lui donne même la forteresse de Franchimont et du château de Seraing en Hesbaye. Il le nomme chef de sa maison et grand maïeur de Liège, et lui donne une escorte de vingt-quatre cavaliers dont il prit l'entretien à sa charge. Guillaume mène une expédition contre Raes de Heers, leader de la révolte. Mais en même temps il répond par le mépris et de la provocation à cet éveque pantin.  En 1474, à la tête de tous les mécontents, il arrive devant les portes de Liège. Louis de Bourbon arrive encore à réunir quelques troupes et s'empare du château d'Aigremont qu'il fit raser.  
Aigrémont
Mais sa victoire sur De La Marck sera de courte durée. Avec beaucoup de perspicacité celui-ci va harceler le protecteur du prince, Charles le Téméraire qui assiégeait alors la ville de Neuss. Un peu avant il lui avait encore proposé ses services. Ce siège sera le chant de cygne de Charles le Téméraire qui trouvera la mort sous les murs de Nancy le 5 janvier 1477.
Le prince-évêque Louis de Bourbon doit fuir vers Gand. Guillaume de la Marck tue Louis de Bourbon en 1482. 
Guillaume de la Marck croit son heure venu et continue le harcèlement contre le successeur du Bourbon Jean de Hornes. Il ne saisit pas que les temps ont changé, et que les contradictions entre le roi de France Louis XI et l’empereur Maximilien, qui a repris le duché de Bourgogne après la mort du Téméraire, se sont atténuées. Le 9 janvier 1483 les bandes de Guillaume de la Marck sont battues à Hollogne-sur-Geer. Guillaume de la Marck est encore une fois amnistié en 1484 avec la Paix de Tongres et c’est en compagnie des de La Marck que Jean de Hornes fait sa Joyeuse Entrée à Liège. Mais l'archiduc Maximilien d'Autriche exige la tête de Guillaume. L'évêque attire Guillaume de la Marck dans une embuscade aux environs de Saint-Trond. Il est emmené à Maastricht où le 18 juin 1485 il est  exécuté pour avoir tué Louis de Bourbon.
Aigrémont - Photo JM Onkelinx
Son successeur Jean de la Marck, continue la lutte contre Jean de Hornes, le nouvel évêque. En janvier 1487, il assiége Liège. La guerre durera encore sept ans, jusqu’en 1492.
Voilà l’histoire de la forteresse, qui est à la base de ce château de plaisance superbe.
En 1971, le château est acquis par la société royale des demeures historiques de Belgique. Mais faute d’argent la société royale vend le château en 2001 à la société Dumont Wauthier qui est surtout intéressé par les gisements de calcaire. Si on les laisse exploiter les carrières tout alentours, ce superbe château risque de se retrouver sur un piton…

vendredi 11 avril 2014

Balade au Hemlot : des castors, des cormorans, des silures, des tortues californiennes, des nénuphars et une usine sous cocon...

Médecine pour le Peuple Herstal organise  tous les deuxièmes dimanches du mois une balade santé. Rendez-vous à 10h à la maison médicale avenue Ferrer 26 à Herstal. Notre balade au Hemlot nous fera découvrir un paysage splendide avec l’étang des nénuphars, le petit canal du Hemlot, une écluse, deux îles (île Aux Corbeaux et île de Franche-Garenne), l’usine de Chertal (sous cocon),  une gravière de 5 hectares, et le chantier du Trilogiport.
On l’a déjà fait en 2014, le lendemain du bal de MPLP. Ce qui explique qu’on n’était pas très nombreux. Une raison suffisante pour la reprendre.
Mais une autre raison est la friche de Chertal. Le Train à Larges Bandes resterait sous cocon, mais on libérerait le reste du site pour des nouvelles activités économiques. C’est une occasion rêvée pour relancer deux brulôts. Premièrement la libération du chemin de halage que nous longerons lors de notre balade. Déjà à l’époque où Chertal était en activité, ce chemin débouchait derrière le corps de garde de l’usine : une situation inconfortable pour le promeneur. Le corps de garde est sur le territoire de Herstal, ce qui me permet de tenir ma promesse d’avoir au moins 100 mètres de mes balades sur le territoire de Herstal.
Mais lors de la mise sous cocon de l’usine, ce chemin a été barré par des barbelés biens coupants, d’une manière illégale, puisque ces chemins appartiennent aux Voies hydrauliques du Service public de Wallonie. C’est l’occasion ou jamais de recréer ce passage entre Hermalle sous Argenteau et le pont de Wandre. Et puis, nous longeons des merlons énormes de terres dont un peut espérer qu’elles ne sont pas trop pollués.
Une deuxième raison est liée directement à la survie du Hemlot. Cet ancien bras de Meuse s’ensable. Cet ensablement n’a rien à faire avec la construction de Chertal, mais est lié à la démolition du barrage de Hermalle. En 1998, la Direction des voies hydrauliques de a fait démonter les structures du barrage à aiguilles d’Hermalle et de l’écluse qui avaient été fortement endommagés par les crues de 1993 et 1995. De ce fait, le niveau de la Meuse entre le pont-barrage de Monsin et  le barrage de
Lixhe se trouve en dessous du niveau du Hemlot qui n’étant plus alimenté, s’ensable. A l’époque, le comité des riverains a eu des contacts avec le directeur de Chertal pour amener de l’eau du canal Albert dans le Hemlot, via une conduite passant par Chertal. Ce projet n’a pas abouti suite entre autres des contraintes de passage d’un charroi très lourd. Aujourd’hui on pourrait créer cette liaison avec le canal Albert. Eventuellement sous forme d’un parcours d’eau vive pour la pratique sportive du kayak. L’idée avait déjà été lancée à l’époque, entre Lanaye et Visé. Pour ce qui me concerne, on peut aussi y installer une mini centrale électrique hydraulique. Il y a un budget aujourd’hui pour créer des capacités stratégiques, pour éviter un lock out. On pourrait lancer cette centrale à la demande. Peu importe, à partir du moment où le Hemlot reçoit de temps en temps une bonne dose d’eau, comme une chasse.

Bref, nous sommes avec notre balade en plein dans l’actualité. Ceci dit, rassurez-vous : ça reste une (belle) balade et pas une manifestation !

Le trajet

On démarre Place Gérard Froidmont, à Hermalle-sous-Argenteau, devant l’église, pour longer la Meuse (Avenue E. Remy, quai du Franche Garenne, rue du Hemlot. Nous rejoignons via un terrain de foot abandonné la rue du Tilleul et via la rue Fachard la gravière que nous quittons via la rue de Résistance pour rejoindre notre point de départ.

Préparez vous à des sensations fortes !

Il y a des cormorans. En Chine, la pêche au cormoran est une méthode de pêche traditionnelle dans laquelle les pêcheurs utilisent des cormorans dressés à pêcher en eau douce. Les pêcheurs posent une ligature à la base de la gorge qui les empêche d'avaler les plus gros poissons, mais laisse passer les plus petits. Les cormorans sont libres, et reviennent d'eux-mêmes au bateau.
S’il faut croire les pêcheurs, on y trouve même une silure, un poisson carnassier d’un mètre de long,  avec une gueule énorme ; des tortues californiennes qui cassent une  branche d’un coup de bec, des kois, des grenouilles bizarroïdes, des esturgeons... Les pêcheurs sont une tribu chez qui exagérer n’est pas mentir… Ils accusent les gens qui ont des étangs d’évacuer leurs poissons dans le Hemlot quand ils en ont assez.
  des silures au hemlot ?
Pour nos pêcheurs, les nénuphars aussi sont un problème. Christian Lamury, le président de la Fédération des pêcheurs de la Basse-Meuse : « Si rien n’est fait pour la sauvegarde du lieu, d’ici 5 ans, ce ne serait plus trois points d’eau qu’on trouverait dans l’ancien bras de la Meuse, mais une plaque commémorative disant : Ici, se trouvait le Hemlot, réserve naturelle
exceptionnelle... Disparue ». Lamury  explique pourquoi ils  fauchent les nénuphars: “ Il n’y a pas moyen de jeter une ligne sans qu’elle s’emberlificote dans les plantes. Et comme la vase a tout envahi, il ne reste guère de hauteur d’eau. On faucarde mais sans couper leurs rhizomes car ils sont protégés. Et nous ne pouvons dégager que 30 % du Hemlot car le site est classé Natura 2000 et la Division Nature et Forêt de la Région wallonne veille à ce qu’il reste à l’état naturel.
Jean-Noël Schmitz, secrétaire de la Fédération des pêcheurs de la Basse-Meuse : "Le dernier désenvasement a eu lieu dans les années 80 et avait coûté un million de francs belges… mais depuis plus rien. Or, il y a une perte de 15 cm d’eau par an avec l’envasement. Si rien n’est fait, cela risque de devenir rapidement une prairie humide".
En 2011 des travaux de désenvasement ont été promis dans le cadre de travaux compensatoires pour la quatrième écluse de Lanaye. Promesse d’ivrogne ? Promesse de Michel Daerden !
Et il y a des castors dans la gravière, avec « des arbres qui tombent comme des mouches ». Dommage pour nos pêcheurs que ces castors ne se nourissent pas de nénuphars!

Un contraste saisissant entre les étangs du Hemlot et la friche de Chertal

Notre balade suit d’abord le chemin de halage, jusqu’aux étangs. Là, le chemin continue le long de la Meuse, mais est bloqué un kilomètre plus loin par le corps de garde de Chertal. Il manque vraiment un tout petit bout pour atteindre le pont de Wandre. Construit entre 1985-87 par Grreisch, le pont était déjà classé monument du patrimoine historique majeur de Belgique.
Nous contournons le dernier étang. A notre gauche des merlons de laitier de Chertal, dont l’accès est rendu difficile dans la cadre de la mise sous cocon.  Le contraste entre les étangs du Hemlot et la friche de Chertal est saisissant. Même si l’Espérance-Longdoz, société mère de Chertal, a montré du cœur pour le Hemlot quand on a construit
Construction de Chertal
l’usine. En 1963 Aves  remercie plusieurs hautes personnalités de l’Espérance pour leur sensibilité pour l’intérêt biologique et leur promesse de reconstituer les étangs comblés. Aves obtient la création d’une station ornithologique à l’intérieur même de l’usine. En 1992 on appelle Chertal l’hôtel pour cormorans et on y compte jusque 1000 têtes !
Chertal a été construit sur le canal Albert par l’Espérance Longdoz, en réponse à son concurrent Cockerill- Ougrée qui s’était associé avec Arbed pour construire Sidmar sur le canal Gand- Terneuzen. Un demi-siècle plus tard Mittal reprend le projet Apollo de fermeture des sites continentaux. Il doit néanmoins accepter une mise sous cocon. Il y a donc un chapitre encore à écrire. Je ferai prochainement un blog sur la construction de Chertal. Je mentionne juste que la construction de Chertal a bouleversé complètement le site, en rehaussant de 5 mètres le niveau de départ. Ce qui explique les infiltrations d’eau dans les caves du train à larges bandes.

Des abris de la de la position fortifiée de Liège en mai 1940

On n’est plus dans la commémoration des tranchées de 14-18 ici, mais dans la préparation du blitzkrieg de 1940. Le long du chemin de halage nous retrouvons plusieurs abris bétonnés,. En 1927, la Commission d'Etude du Système des fortifications décide le réarmement de la région fortifiée de Liège. Le fort de Pontisse est réarmé.  La section 4 comprend une ligne d’abris sur la rive gauche de la Meuse pour défendre principalement les trouées de Visé et de Lixhe. Je me suis basé sur un ouvrage de Franck Vernier, Les abris de la position fortifiée de Liège en mai 1940 Chapitre 5 - La Position Fortifiée de Liège 4
Le 10 mai 1940, la ligne n'était pas terminée. Pour construire certains abris, on attendait la construction du nouveau pont d'Argenteau, l'ancien étant en bois, et la rectification des berges de la Meuse rendu nécessaire par la construction du canal Albert. Le long de la rive de la Meuse la Commission avait prévu 7 abris. Le secteur PL débuta derrière la ferme de Happart par deux abris avec deux chambres de tir pour mitrailleuse ou FM flanquant le fleuve. Il s'agit des abris PL b et PL c. A Basse-Hermalle se trouvent les abris PL 5 et PL 6. Les abris PL 1 à PL 4 n’ont pas été construits. Dans les (anciens) ponts Marexhe, Milsaucy et de Wandre se trouvent des abris à plusieurs chambres de tir. Sur la rive gauche du canal Albert, les abris MeA 1 bis et M 26 avec des canons de 47 mm. Un abri de bombardement se trouvait à la bure d'Abhooz (à l'emplacement de l'actuel Maxi GB de Herstal).
Dans  le secteur Pontisse-Lixhe se trouvaient une vingtaine d'abris, une partie entre la Meuse et le canal Albert et une partie sur la rive gauche du canal Albert sur les hauteurs de Hacourt.
L’île Monsin était particulièrement bien défendue. Sur la rive gauche du canal Albert, en face de l'île, 5 abris ont été construits.  Il ne reste plus que les abris MeMo 1, MeMo 1 bis, MeMo 2 et MeMo 3. Un abri à plusieurs chambres de tir se trouve dans le pont barrage. Deux abris sont dissimulés dans le socle de la statue du Roi Albert. Un peu limite comme camouflage ? Mais ce qui est particulièrement discutable : trois abris avec plusieurs embrasures seront construits dans les culées des ponts de Liège, profitant de la reconstruction des ponts des Arches, du pont Saint-Léonard et du pont de Coronmeuse. N’était-ce pas prendre les civils en bouclier humain ?

Très tôt, la Défense Nationale se rend compte que le IIIe Corps d'Armée, occupant la PFL, ne disposait ni d'effectifs suffisamment nombreux, ni d'assez de mitrailleuses pour garnir cette ligne de front de 179 abris se développant sur 60 Km. C'est pourquoi il fut décidé de ne pas l'occuper. Elle constituera un leurre pour l'ennemi…

La gravière Brock et ses castors

Nous traversons un ancien terrain de foot, où les aciéristes jouaient un match lors de la casse croûte. Chertal a eu plusieurs équipes de foot. Le terrain a été abandonné quand ces équipes se sont éteints. Depuis des bouleaux l’ont colonisé. Les chercheurs du consultant Pluris parlent de « Recrû forestier de Chertal ». What’s in a name ?  Il n’y a jamais eu de forêt là-bas, et il ne peut donc pas recroître. C’est des bouleaux principalement, des plantes pionnières par excellence.
Par la rue Fachard nous accédons la gravière Brock à Hermalle. Ce beau projet est de l’architecte paysagiste Anne-Marie Sauvat à qui les castors ont posé quelques problèmes : «Un  amoncellement de branchages indique la présence d’une famille de castors: des arbres que l’on voulait conserver tombaient comme des mouches. Nous avons fait poser du treillis autour des troncs mais ça ne les a pas arrêtés. Comme il s’agit d’une espèce protégée, on a dû trouver une solution non létale pour les éloigner de ces arbres. On a alors acheté du répulsif et ça a enfin marché".
J’ai l’impression que les castors ne sont pas restés, parce qu’il n’y a plus de moignons d’arbres fraîches mais le castor vient en sous-marin et rentre sous l'eau dans sa tanière. Il faut venir à la tombée de la nuit ou très tôt le matin pour les voir.
Avec un peu de chance on peut y voir des martins-pêcheurs, à partir d’un abri d'observation pour les oiseaux. On a installé des pontons pour les pêcheurs, une zone no-kill absolue ; et des caillebotis pour les promeneurs. Ceci dit,  la baignade  reste dangereuse, voire mortelle. Le 24 juillet 2004 un adolescent de 14 ans s'y est noyé. En août 2003, un autre adolescent s'était déjà noyé.
Suite au déclassement de la zone industrielle en 1999, la société d'exploitation de graviers Brock a récupéré les 18 millions de garantie déposés pour l'assainissement du site qu'elle n'est plus tenue de réaliser. Que ça reste entre nous : ça pourrait donner des idées à Mittal…

La digue des Dames de Vivegnis et la ferme Pontisse

Tout le site que nous parcourons était situé dans un coude de la Meuse et protégé par une digue qui a été rompu à chaque montée des eaux. La Meuse a cherché à reprendre ainsi un ancien bras.
En 1123 avait été fondé à Liège (Beaufays) un ‘monastère double’: des moines et des sorores. Mais le prince-évêque de Liège conseillait d’éloigner les religieuses féminins, afin d’éviter des rumeurs de promiscuité … Ainsi en 1235 des religieuses l’Ordre de Cîteaux de Saint Bernard de Clairvaux débarquent à Vivegnis. L’assemblée générale à Cîteaux décide l’achat d’une ferme à Pontisse.
Le territoire où  l’abbaye de Vivegnis fut érigée appartenait au Moyen-âge au domaine de Herstal.
L’abbaye avait construit en 1643 une digue à la hauteur de Chertal / Cheratte,  dite ‘digue des Dames de Vivegnis’. Elle devait éviter les ravages causés par les inondations fréquentes de la Meuse, mais s’est effondré à plusieurs reprises ; la dernière fois lors de la grande inondation de 1926 !
En septembre 1796 les communautés religieuses sont supprimées. Dans la liste « des individus composant la communauté religieuse de Vivegnis conformément à la loi du 15 fructidor an IV » il restait douze dames de chœur et trois sœurs converses. Presque tous les biens furent adjugés à un fondé de procuration d’une des religieuses pour la somme de 270.000 francs. Elle rachetait donc la plupart des biens …. En 1800 les principaux bâtiments furent détruits.
En 1959, lors de travaux d’extension de la firme Hollandia – fermée entretemps- sur le terrain de l’ancienne abbaye, on a mis à  jour, lors de fouilles archéologiques, une crypte encadrée d’épaisses muraille, le cimetière des moniales et l’infirmerie. Rien n’a été sauvé.
Reste la ferme de l’abbaye, à Pontisse. Trop près du fort, la ferme a été rasée par l'armée belge en 1914. Elle fut réédifiée en 1923. Le 10 mai 1940 le fermier dut de nouveau évacuer les lieux en y abandonnant un nombreux bétail. La ferme subissait une seconde fois des déprédations mais ne fut  pas détruite. Elle a failli disparaître lors de l'établissement du zoning des Hauts Sarts, mais en 2014 un projet ambitieux est en cours pour y installer un centre de services pour les entreprises.
Le seul vestige de ces dames de Vivegnis est donc la pierre de voûte scellée au dessus de l’entrée de la ferme…
Lors des travaux de Trilogiport dont nous longeons le chantier, des fouilles ont livré des découvertes archéologiques de première importance.  Entre la clinique Notre Dame d'Hermalle-sous-Argenteau des traces d'occupation appartenant aux premiers agriculteurs qui ont occupé nos régions dans le courant du 4e millénaire, des traces d'occupation mésolithique, de la l'âge de la pierre, 10 mille ans avant notre ère, et  une nécropole gallo-romaine. Les fouilles réalisées sur une autre parcelle du Trilogiport avaient déjà permis de mettre au jour une nécropole vieille d'environ 3000 ans.  Bref, s’il ne reste pas grand-chose de l’abbaye, on a quand même une série de vieilles pierres et ossements à mettre en vitrine….

Sites intéressants

http://www.oupeye.be/wordpdf/enviro/ballade-pedestre.pdf voir promenade 13 Hermalle-sous-Argenteau
https://www.youtube.com/watch?v=-NeFPGCj0ps Visite de la gravière Brock a Hermalle sous argenteau 2014
Franck Vernier  http://www.clham.org/050511.htm Les abris de la position fortifiée de Liège en mai 1940 Chapitre 5 - La Position Fortifiée de Liège 4
Sur Pontisse voir mon blog http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/journees-du-patrimoine-13-et-14.html